dimanche 30 décembre 2012

SYDNEY POLLACK




«  La clameur des armes à feu nous empêche de l’entendre, mais la voie humaine est différente de la plupart des autres ondes. On l’entend malgré les bruits qui étouffent tout le reste même quand elle n’est pas en train de hurler et même si elle n’est que chuchotement. Le plus petit chuchotement raisonne plus fort que des armées lorsqu’il dit la vérité »

Sydney Pollack, acteur, réalisateur et producteur américain né en 1934 à Lafayette, dans l’Indiana (États-Unis) et à Los Angeles le 26 mai 2008 à l’âge de 73 ans. Cette pensée est tirée de son film « l’interprète » brillamment interprété par le très talentueux Sean Penn et la non moins brillante Nicole Kidman. Film que je vous recommande vivement.

lundi 24 décembre 2012

Tène Youssouf Gueye, le martyr de la plume.



On dit souvent que Socrate est le premier martyr de la pensée. Quoi qu’il en soit, depuis le maitre de la maïeutique, nous savons que les savants et les tyrans ne font pas bon ménage. Socrate a bu la cigüe parce qu’il ne croyait aux dieux multiples, les livres d’Ibn Ruchd ont connu l’autodafé, il finit par l’exil.

 Autant d’exemples illustratifs des siècles et des siècles avant Tène Youssouf Gueye, cet écrivain francophone et diplomate Mauritanien, arrêté, embastillé à la sinistre prison de Oualata par le régime affreux et raciste Maouya Ould Taya.

Youssouf Gueye, l’auteur de « LES EXILES DE GOUMEL » n’a pas survécu en prison. C’est avec beaucoup de consternation que les hommes épris de liberté ont appris sa disparition tragique, c’était en 1988. Né à Dimbé Joro(Kaédi), Ten Youssouf Gueye est un fin lettré francophone. Je l’ai découvert personnellement à bas âge lorsque j’ai lu avec un regard étonné son fameux « A L’OREE DU SAHEL», j’étais au CEM Ababacar Sy de Tivaouane(Sénégal). Depuis lors je n’ai pas voulu relire l’ouvrage rien que pour garder les fortes impressions quoique «enfantines » de cet ouvrage aux passages délicieusement fantasmagoriques. 

J’ai gardé de ce livre un auteur «travaillé » par les effluves de la nature. Les éléments constitués par la terre et le fleuve qui reste un motif puissant pour ce natif de Kaédi, l’air, brulé et même consumé par une nature hostile et même les esprits qui dans un tourbillon de création alchimique font du sahélien un homme résistant ; un résistant comme Ten Youssouf l’a été. Ce qui lui a couté la vie, une vie riche et pleine. Ten Youssouf n’a pas vécu inutilement !
  
En tant qu’écrivain Ten Youssouf n’est certainement pas une « mémoire de la fracture ». La célébration de cette figure contribuerait certainement à la reconnaissance des crimes, à l’unité et à la réconciliation des mauritaniens toutes races confondues.

KHALIFA TOURE

lundi 17 décembre 2012

MAMADOU DIA, « un grand baobab habité par un peuple d’oiseaux ». Joseph Ki Zerbo




Voici le grand Mamadou Dia, éminent penseur, grand homme d’État, patriote hors pair, cet homme dont l’œuvre reste méconnue est l'un des patriotes africains les plus éminents. Chantre de l’anticolonialisme et théoricien du socialisme autogestionnaire, Mamadou Dia est né le 18 Juillet 1910 à Khombole, mort le 25 Janvier 2009 à Dakar. Beaucoup d’institutions dont le Sénégal s’enorgueilli aujourd’hui ont été créées par Mamadou Dia. 

Premier président du conseil des ministres du Sénégal et chef de l’exécutif Mamadou Dia a été victime d’une sombre conspiration politique ourdie par la puissance coloniale et ses fantoches locaux. Accusé par son rival Léopold Senghor d’avoir fomenté un coup d’Etat. Arrêté le 16 Décembre 1962, jugé et condamné lui et ses supposés complice, Valdiodio N’diaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall, il purgea une peine de plus de douze années.

Aujourd’hui l’historiographie officielle nous raconte que la crise de 1962 trouve son fondement dans le caractère bicéphale de l’Etat à l’époque. Or cette lecture tendancieuse maquillée de juridisme est destinée à cacher la cause rigoureusement politique de cette crise majeure dont les fondements sont véritablement néo-coloniaux. 

Mamadou Dia était résolument anticolonialiste. Il fallait l’éliminer et ils l’ont fait. Je crois que le Sénégal ne s’est pas remis de la crise de 1962. Depuis lors il végète dans la fange d’un système politico-social abâtardi.

Le professeur Djibril Samb, écrivain-philosophe et lauréat de l'académie française dira de lui que " LA NATION N'A PAS DE PÈRE, MAIS L’ÉTAT A UN PÈRE. LE PÈRE DE L’ÉTAT DU SÉNÉGAL EST SANS CONTESTE MAMADOU DIA"

KHALIFA TOURE

dimanche 16 décembre 2012

DOCTEUR ABEGA, LE MONSTRE SACRE, EST MORT.



L’un des footballeurs Africains les plus élégants et les plus charismatiques est décédé. Né le 09 Juillet 1954  au Cameroun, Théophile Abega, surnommé « docteur Abega »par la finesse de son jeu est l’un des meilleurs footballeurs du continent aux cotés du Marocain Muhamed Timoumi, l’Algérien Rabah Madjer et le Ghanéen Abdelrarraq. Son élégance technique ne peut être comparée qu’à celle de son compatriote moins connu, Jean Manga Ongéné, ballon d’or Africain en 1982.

Abega est un footballeur de classe exceptionnelle pour les plus jeunes qui ne le connaissent pas. Tous ceux qui le connaissent bien  se souviennent de l’édition 1984 de la coupe d’Afrique des nations de Football organisée en Côte-D’ivoire. Ses dribles, feintes, pénétrations et nombreux buts marqués aux cotés des plus illustres noms du football camerounais de l’époque, les fameux Roger Milla, Doumbé Léa, Michel Kaham, Tokoto, Ibrahim Aoudou, Mbida Arentes son cousin, Thomas Nkono etc. Capitaine des lions indomptables il eut l’insigne honneur de brandir le trophée des mains de feu Félix Houphouët Boigny. 

Abega a littéralement fait exploser son talent magnifique lors de cette coupe d’Afrique au Chalenge très serré. Il y avait une brillante Côte-D’ivoire avec Pascal Miazan et un certain jeune Youssouf Falikou Fofana, un petit génie ; Une grande Egypte avec l’immense Mahmoud Al Khatib, un fameux Nigeria avec le jeune Stephan Keshi. Il termina avec le titre de Ballon d’or africain en cette année 1984.Auparavant en 1982 il a fait parti de ce grand et fameux Cameroun qui a participé avec brio au Mondiale 82 en restant invaincu.
Abega est avec Roger Milla, Manga Ongéné et Thomas Nkono  l’un des monstres sacrés du football camerounais, une figure tutélaire dans les représentations collectives du monde footballistique du Cameroun. 

La simple évocation de ces noms nous galvanise et provoque des frissons chez nous qui considérions le football comme une projection des valeurs cardinales. Abega est l’un des premiers héros de notre génération. Il nous a ouvert l’amour du foot avec son fameux dossard numéro 14, comme Jean Amadou Tigana et Johann Cruyff. 

Abega qui fut un authentique africain ne s’est jamais adapté au football professionnel européen. De 1984 à 1987 il a joué en France et en Suisse mais Abega a surtout marqué le Canon de Yaoundé ce club mythique.
A la fin de sa carrière Abega s’est reconverti en politique. Il est maire de Yaoundé 4 depuis 2007. Le quinze Décembre 2O12, il meurt à la suite d’un malaise cardiaque. « Le docteur » était malade du diabète depuis des années. Toute la nation lui a rendu hommage en lui vouant des funérailles officielles. Un deuil national de deux jours a été décrété.  SALUT L’ARTISTE !

KHALIFA TOURE

samedi 15 décembre 2012

Massacre dans le Connecticut.


 Pourquoi tant de haine imbécile
Pourquoi tant de folie destructrice
Pourquoi tant de morts innocents
Pourquoi tant souffrances inutiles
Pourquoi tant de mépris abject ?

 Répondez-moi s’il vous plait! Moi Sidi Mohamed Khalifa Touré je n’ai pas de réponse. omo sum humani nihil a me alienum puto, je suis homme et j’estime que rien de ce qui est humain ne m’est étranger, disait la poète Latin Térence il plusieurs siècles.

jeudi 13 décembre 2012

Mawade Wade, le militant panafricaniste méconnu.



Voici Monsieur Mawade Wade, l’homme à la voix tonitruante, à la diction particulière. Le grand passionné de football comme on en trouve rarement, le panafricaniste méconnu, l’homme de gauche aux engagements révolutionnaires, l’anti-colonialiste invétéré.

« Ma », comme ses amis le surnomment, est un grand Sénégalais, un exceptionnel  entraineur de football, un éducateur, un formateur dont la science a beaucoup servi le football mondial en tant qu’expert de la FIFA, en sa qualité de défenseur teigneux des intérêts du football Africain lorsqu’ ils sont menacés dans les instances mondiales.

Mawade a rejoint la Confédération africaine de football (CAF) en 1970. À Yaoundé, en février 1972, il contribue, avec l'Éthiopien Ydnekatchew Tessema et l'Algérien Mohamed Maouche, à l'élaboration d'une nouvelle «loi fondamentale » pour l'organisation du football continental.

Cet ancien instituteur a fondé et entrainé  le Réveil de Saint-Louis de  1950 à 1965. En 1966  il est nommé directeur technique de l'équipe nationale du Sénégal, en compagnie du Dakarois Lamine Diack et du Thiéssois Jo Diop.

Mawade Wade est surtout connu du grand public comme un grand entraineur de football. Certes Monsieur Wade s’est révélé toute sa vie durant comme un coach au talent immense, un meneur d’hommes exceptionnel. Pour ceux qui ne le savent pas Mawade Wade fait partie de ceux qui ont découvert, encadré et valorisé le fameux Oumar Gueye Sène, l’un des meilleurs footballeurs africains de tous les temps. 

Auparavant il a vu passer sous son regard expert les plus illustres noms du football Sénégalais des années 60 et 70 :parmi eux  Louis Camara, Matar Niang, Fadel, Yatma Diop, Saliou Cissé Chita, Baye Moussé Paye «Takac», Demba Thioye, Oumar Guèye Samb, Bamba Diarra, Locotte, Mame Touty, Petit Guèye, Yérim Diagne, Yatma Diouck, Léopold Diop etc.

Plusieurs générations de sportifs sénégalais ont bénéficié de son expertise. Et cela des années 50 aux années 90. Quelle longévité ! A chaque fois que ça faisait mal on faisait appel au maitre.

Mawade était surtout un concepteur et un théoricien de la pratique footballistique en tant que fait social aux soubassements politiques. A Rufisque en 1976 Il dira lors d’une sortie publique ces propos étincelants de vérité :

«Je ne cours pas après le ballon, je cours après les hommes qui courent après le ballon, parce que ces hommes c’est l’écrasante majorité de la jeunesse de mon pays, parce que ces hommes constituent le levain de mon Peuple.» 

Mais Mawade Wade avait surtout une conscience de classe très aigue, un esprit rebelle, un militantisme farouche pour l’indépendance africaine. Mawade était un proche ami de tous les grands leaders africains qui prônaient l’indépendance immédiate.

Révolutionnaire au tempérament hors normes cet adepte de la dialectique considérait à juste raison qu’une bonne politique footballistique et même sportive est inséparable du projet de société qui gouverne un pays. C’est une société en crise qui provoque la crise du football. Le football n’est pas la cause mais la conséquence. Aujourd’hui, nombreux sont les états africains qui appliquent la vieille théorie de la fraction en oubliant que la société est un tout.

Mawade était un visionnaire passionné, un homme à l’âme fêlée dont les propos et les actes étaient parfois incompris. Considéré parfois comme un anticonformiste ou un rebelle, il a par moments été victime d’ostracisme partout où il a trainé sa vieille carcasse de saint-louisien walo-walo originaire du Tékrour des fières guerriers et des saints.

Mais toute histoire se termine fatalement un jour ou l’autre. Mawade sentait le mal depuis quelques temps. Le 11 Aout 2002 il est violemment frappé d’un AVC. Il perdit l’usage de la parole. Dans la nuit du 14 septembre de la même année la voix la plus haute du football africain s’éteint à jamais. Il a été assisté par les siens  jusqu’à son dernier souffle.

Quelques jours avant son ultime voyage la CAF, avec à sa tête Issa Hayatou est venu à son chevet dans son domicile de Saint-Louis.

Mawade Wade est sans conteste l’un des plus illustres Sénégalais du siècle dernier. Mais son combat pour l’édification d’une nation libre et épanouie reste méconnu et sa mémoire n’est pas suffisamment célébré dans son pays natal. Dommage.

Salut l’artiste et repose en paix !


KHALIFA TOURE