« La
clameur des armes à feu nous empêche de l’entendre, mais la voie humaine est
différente de la plupart des autres ondes. On l’entend malgré les bruits qui
étouffent tout le reste même quand elle n’est pas en train de hurler et même si
elle n’est que chuchotement. Le plus
petit chuchotement raisonne plus fort que des armées lorsqu’il dit la vérité »
dimanche 30 décembre 2012
lundi 24 décembre 2012
Tène Youssouf Gueye, le martyr de la plume.
On dit souvent que Socrate est le premier martyr de la pensée.
Quoi qu’il en soit, depuis le maitre de la maïeutique, nous savons que les
savants et les tyrans ne font pas bon ménage. Socrate a bu la cigüe parce qu’il
ne croyait aux dieux multiples, les livres d’Ibn Ruchd ont connu l’autodafé, il
finit par l’exil.
Autant d’exemples
illustratifs des siècles et des siècles avant Tène Youssouf Gueye, cet écrivain francophone et diplomate
Mauritanien, arrêté, embastillé à la sinistre prison de Oualata par le régime
affreux et raciste Maouya Ould Taya.
Youssouf Gueye, l’auteur de « LES EXILES DE GOUMEL » n’a pas
survécu en prison. C’est avec beaucoup de consternation que les hommes épris de
liberté ont appris sa disparition tragique, c’était en 1988. Né à Dimbé Joro(Kaédi), Ten
Youssouf Gueye est un fin lettré francophone. Je l’ai découvert
personnellement à bas âge lorsque j’ai lu avec un regard étonné son fameux
« A L’OREE DU SAHEL», j’étais au
CEM Ababacar Sy de Tivaouane(Sénégal). Depuis lors je n’ai pas voulu relire
l’ouvrage rien que pour garder les fortes impressions quoique «enfantines »
de cet ouvrage aux passages délicieusement fantasmagoriques.
J’ai gardé de ce livre un auteur «travaillé » par les
effluves de la nature. Les éléments constitués par la terre et le fleuve qui
reste un motif puissant pour ce natif de Kaédi, l’air, brulé et même consumé
par une nature hostile et même les esprits qui dans un tourbillon de création
alchimique font du sahélien un homme résistant ; un résistant comme Ten Youssouf
l’a été. Ce qui lui a couté la vie, une vie riche et pleine. Ten Youssouf n’a
pas vécu inutilement !
En tant qu’écrivain Ten Youssouf n’est certainement pas une
« mémoire de la fracture ».
La célébration de cette figure contribuerait certainement à la reconnaissance
des crimes, à l’unité et à la réconciliation des mauritaniens toutes races
confondues.
KHALIFA TOURE
lundi 17 décembre 2012
MAMADOU DIA, « un grand baobab habité par un peuple d’oiseaux ». Joseph Ki Zerbo
Voici le grand Mamadou Dia,
éminent penseur, grand homme d’État, patriote hors pair, cet homme dont l’œuvre
reste méconnue est l'un des patriotes africains les plus éminents. Chantre de
l’anticolonialisme et théoricien du socialisme autogestionnaire, Mamadou Dia
est né le 18 Juillet 1910 à Khombole, mort le 25 Janvier 2009 à Dakar. Beaucoup
d’institutions dont le Sénégal s’enorgueilli aujourd’hui ont été créées par
Mamadou Dia.
Premier président du conseil des ministres du Sénégal et chef de l’exécutif
Mamadou Dia a été victime d’une sombre conspiration politique ourdie par la
puissance coloniale et ses fantoches locaux. Accusé par son rival Léopold
Senghor d’avoir fomenté un coup d’Etat. Arrêté le 16 Décembre 1962, jugé et condamné
lui et ses supposés complice, Valdiodio N’diaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et
Alioune Tall, il purgea une peine de plus de douze années.
Aujourd’hui l’historiographie
officielle nous raconte que la crise de 1962 trouve son fondement dans le
caractère bicéphale de l’Etat à l’époque. Or cette lecture tendancieuse
maquillée de juridisme est destinée à cacher la cause rigoureusement politique
de cette crise majeure dont les fondements sont véritablement néo-coloniaux.
Mamadou
Dia était résolument anticolonialiste. Il fallait l’éliminer et ils l’ont fait.
Je crois que le Sénégal ne s’est pas remis de la crise de 1962. Depuis lors il
végète dans la fange d’un système politico-social abâtardi.
Le professeur Djibril Samb,
écrivain-philosophe et lauréat de l'académie française dira de lui que "
LA NATION N'A PAS DE PÈRE, MAIS L’ÉTAT A UN PÈRE. LE PÈRE DE L’ÉTAT DU SÉNÉGAL
EST SANS CONTESTE MAMADOU DIA"
KHALIFA TOURE
dimanche 16 décembre 2012
DOCTEUR ABEGA, LE MONSTRE SACRE, EST MORT.
L’un des footballeurs Africains les plus élégants et les
plus charismatiques est décédé. Né le 09 Juillet 1954 au Cameroun, Théophile Abega, surnommé
« docteur Abega »par la finesse de son jeu est l’un des meilleurs footballeurs
du continent aux cotés du Marocain Muhamed Timoumi, l’Algérien Rabah Madjer et
le Ghanéen Abdelrarraq. Son élégance technique ne peut être comparée qu’à celle
de son compatriote moins connu, Jean Manga Ongéné, ballon d’or Africain en
1982.
Abega est un footballeur de classe exceptionnelle pour les
plus jeunes qui ne le connaissent pas. Tous ceux qui le connaissent bien se souviennent de l’édition 1984 de la coupe
d’Afrique des nations de Football organisée en Côte-D’ivoire. Ses dribles,
feintes, pénétrations et nombreux buts marqués aux cotés des plus illustres
noms du football camerounais de l’époque, les fameux Roger Milla, Doumbé Léa,
Michel Kaham, Tokoto, Ibrahim Aoudou, Mbida Arentes son cousin, Thomas Nkono
etc. Capitaine des lions indomptables il eut l’insigne honneur de brandir le
trophée des mains de feu Félix Houphouët Boigny.
Abega a littéralement fait exploser son talent magnifique
lors de cette coupe d’Afrique au Chalenge très serré. Il y avait une brillante
Côte-D’ivoire avec Pascal Miazan et un certain jeune Youssouf Falikou Fofana,
un petit génie ; Une grande Egypte avec l’immense Mahmoud Al Khatib, un
fameux Nigeria avec le jeune Stephan Keshi. Il termina avec le titre de Ballon
d’or africain en cette année 1984.Auparavant en 1982 il a fait parti de ce
grand et fameux Cameroun qui a participé avec brio au Mondiale 82 en restant
invaincu.
Abega est avec Roger Milla, Manga Ongéné et Thomas Nkono l’un des monstres sacrés du football
camerounais, une figure tutélaire dans les représentations collectives du monde
footballistique du Cameroun.
La simple évocation de ces noms nous galvanise et
provoque des frissons chez nous qui considérions le football comme une
projection des valeurs cardinales. Abega est l’un des premiers héros de notre
génération. Il nous a ouvert l’amour du foot avec son fameux dossard numéro 14,
comme Jean Amadou Tigana et Johann Cruyff.
Abega qui fut un authentique africain ne s’est jamais adapté
au football professionnel européen. De 1984 à 1987 il a joué en France et en
Suisse mais Abega a surtout marqué le Canon de Yaoundé ce club mythique.
A la fin de sa carrière Abega s’est reconverti en politique.
Il est maire de Yaoundé 4 depuis 2007. Le quinze Décembre 2O12, il meurt à la
suite d’un malaise cardiaque. « Le docteur » était malade du diabète
depuis des années. Toute la nation lui a rendu hommage en lui vouant des
funérailles officielles. Un deuil national de deux jours a été décrété. SALUT L’ARTISTE !
KHALIFA TOURE
samedi 15 décembre 2012
Massacre dans le Connecticut.
Pourquoi
tant de haine imbécile
Pourquoi
tant de folie destructrice
Pourquoi
tant de morts innocents
Pourquoi
tant souffrances inutiles
Pourquoi
tant de mépris abject ?
Répondez-moi s’il vous
plait! Moi Sidi Mohamed Khalifa Touré je n’ai pas de réponse. omo sum humani
nihil a me alienum puto, je suis homme et j’estime que rien de ce qui est
humain ne m’est étranger, disait la poète Latin Térence il plusieurs siècles.
jeudi 13 décembre 2012
Mawade Wade, le militant panafricaniste méconnu.
Voici
Monsieur Mawade Wade, l’homme à la voix tonitruante, à la diction particulière.
Le grand passionné de football comme on en trouve rarement, le panafricaniste
méconnu, l’homme de gauche aux engagements révolutionnaires,
l’anti-colonialiste invétéré.
« Ma »,
comme ses amis le surnomment, est un grand Sénégalais, un exceptionnel entraineur de football, un éducateur, un
formateur dont la science a beaucoup servi le football mondial en tant
qu’expert de la FIFA, en sa qualité de défenseur teigneux des intérêts du
football Africain lorsqu’ ils sont menacés dans les instances mondiales.
Mawade a rejoint
la Confédération africaine de football (CAF) en 1970. À Yaoundé, en février
1972, il contribue, avec l'Éthiopien Ydnekatchew Tessema et l'Algérien Mohamed
Maouche, à l'élaboration d'une nouvelle «loi fondamentale » pour l'organisation
du football continental.
Cet ancien instituteur
a fondé et entrainé le Réveil de
Saint-Louis de 1950 à 1965. En 1966 il est nommé directeur technique de l'équipe nationale
du Sénégal, en compagnie du Dakarois Lamine Diack et du Thiéssois Jo Diop.
Mawade Wade est surtout connu du grand public
comme un grand entraineur de football. Certes Monsieur Wade s’est révélé toute
sa vie durant comme un coach au talent immense, un meneur d’hommes
exceptionnel. Pour ceux qui ne le savent pas Mawade Wade fait partie de ceux qui ont découvert, encadré et
valorisé le fameux Oumar Gueye Sène,
l’un des meilleurs footballeurs africains de tous les temps.
Auparavant
il a vu passer sous son regard expert les plus illustres noms du football
Sénégalais des années 60 et 70 :parmi eux Louis Camara, Matar Niang, Fadel, Yatma Diop, Saliou
Cissé Chita, Baye Moussé Paye «Takac», Demba Thioye, Oumar Guèye Samb, Bamba
Diarra, Locotte, Mame Touty, Petit Guèye, Yérim Diagne, Yatma Diouck,
Léopold Diop etc.
Plusieurs générations de
sportifs sénégalais ont bénéficié de son expertise. Et cela des années 50 aux
années 90. Quelle longévité ! A chaque fois que ça faisait mal on faisait
appel au maitre.
Mawade était surtout un concepteur et un théoricien de
la pratique footballistique en tant que fait social aux soubassements
politiques. A Rufisque en 1976 Il
dira lors d’une sortie publique ces propos étincelants de vérité :
«Je ne cours pas
après le ballon, je cours après les hommes qui courent après le ballon, parce
que ces hommes c’est l’écrasante majorité de la jeunesse de mon pays, parce que
ces hommes constituent le levain de mon Peuple.»
Mais Mawade Wade avait
surtout une conscience de classe très aigue, un esprit rebelle, un militantisme
farouche pour l’indépendance africaine. Mawade était un proche ami de tous les
grands leaders africains qui prônaient l’indépendance immédiate.
Révolutionnaire au tempérament
hors normes cet adepte de la dialectique considérait à juste raison qu’une bonne politique footballistique et même
sportive est inséparable du projet de société qui gouverne un pays. C’est
une société en crise qui provoque la crise du football. Le football n’est pas la
cause mais la conséquence. Aujourd’hui, nombreux sont les états africains qui
appliquent la vieille théorie de la fraction en oubliant que la société est un
tout.
Mawade était un
visionnaire passionné, un homme à l’âme fêlée dont les propos et les actes
étaient parfois incompris. Considéré parfois comme un anticonformiste ou un
rebelle, il a par moments été victime d’ostracisme partout où il a trainé sa
vieille carcasse de saint-louisien walo-walo originaire du Tékrour des fières
guerriers et des saints.
Mais toute histoire se
termine fatalement un jour ou l’autre. Mawade sentait le mal depuis quelques temps.
Le 11 Aout 2002 il est violemment frappé d’un AVC. Il perdit l’usage de la
parole. Dans la nuit du 14 septembre de
la même année la voix la plus haute du football africain s’éteint à jamais.
Il a été assisté par les siens jusqu’à
son dernier souffle.
Quelques jours avant son
ultime voyage la CAF, avec à sa tête Issa Hayatou est venu à son chevet dans
son domicile de Saint-Louis.
Mawade Wade est sans
conteste l’un des plus illustres Sénégalais du siècle dernier. Mais son combat
pour l’édification d’une nation libre et épanouie reste méconnu et sa mémoire n’est
pas suffisamment célébré dans son pays natal. Dommage.
Salut l’artiste et repose en paix !
KHALIFA TOURE
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