lundi 18 août 2014

Le policier, l’étudiant et l’université






Lorsque Marx Weber définissait l’Etat comme « une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné » forgeant ainsi le concept de « violence légitime », cette pensée était vraiment juste tellement elle exprimait l’un des aspects les plus caractéristiques de la fonction de l’Etat. Lorsque cette fonction suspecte et ingrate de l’Etat, est mal comprise par des autorités dont le niveau de culture étatique est sujet à caution, alors, c’est la voie ouverte à l’anarchie et à la force aveugle.

« Il manque de pleuvoir à Dakar…Un étudiant vient de mourir! » Tel pourrait être le refrain macabre d’une chanson incandescente hurlée à gorge déployée par l’un de nos chanteurs-poètes engagé. Il est vrai que des radicaux, des « real » comme disent les jeunes, on en trouve presque plus. Tout le monde s’est converti à ce nouveau culte ; prosternations et génuflexions diaboliques devant la bête immonde, cette divinité de la fin des temps qui est L’indifférence, sont la nouvelle religion. « C’est qu’il arrive tant de choses. Il arrive trop de choses. C’est cela. L’homme accomplit, engendre, tellement plus qu’il ne peut, ou ne devrait supporter. C’est ainsi qu’il s’aperçoit qu’il  peut supporter n’importe quoi, n’importe quoi » a dit l’immense William Faulkner dans « Lumière d’Août ».  Il y a tellement de morts depuis quelques années, qu’on en arrive les supporter.

Nous sommes un pays de défroqués. Il n’y a pas plus laid qu’une autorité qui répète des formules qu’il ne comprend pas. On feint de comprendre. Nous sommes des faux-fuyants. Françoise Sagan avait raison. Les faux-fuyants finissent toujours par être rattrapés par la mort, le mort violente. Ils vont crever, la gueule ouverte. Quand la culture gouvernementale se résume au ressassement puéril de citations du genre « je ne regrette rien », « force doit rester à la loi » comme nous l’avions tous entendues, il ya quelques années, de la bouche de deux ministres de la république réagissant alors à l’affaire de Sangalkam consécutive à la mort du jeune Malick Ba, il y a lieu de penser aujourd’hui que la continuité n’est pas seulement une affaire de l’Etat, il existe une continuité ailleurs, une continuité malheureuse et scandaleuse. Les choses ont peut-être changé  mais un étudiant, Bassirou Faye de son nom, vient de mourir. Une mort de trop parce qu’il y en a eu d’autres. Un étudiant n’a-t-il pas attenté à la vie d’un de ses camarades lors du mois de Ramadan ? Bassirou Faye est tombé dans la chaleur hivernale. Qui est Bassirou ? D’où vient-il ? Qui est son père, sa mère ? Les morts ne sont pas morts ! Ils sont tout simplement partis. « Beloved » dirait Toni Morisson. Tous les morts ont une histoire. Qui fera le récit de la mort de l’étudiant ? Plus que l’oraison funèbre, le récit de la mort fait partie du deuil. « Odi Profanum Vulgus  et arceo », je hais le profane vulgaire et je l’écarte, les vautours sont partis et Bassirou Faye est mort.

Méfions-nous du temps qu’il fait, de l’atmosphère électrique de l’université. La mort est un phénomène étrange. « La mort… nous affecte plus profondément sous le règne pompeux de l’été » a dit Charles Baudelaire dans « Les Paradis artificiels ». Lisez « Mort un après midi » d’Ernest Hemingway ou « La mort en été » de Yukio Mishima vous serez peut-être édifiés et jetterez un regard différent sur la mort. Aucune enquête policière ne peut révéler ces choses enfouies. Au contraire elle banalise le crime. Mais le policier qui a tiré saura…il saura mais pire il verra comme Raskolnikov ! C’est inéluctable. Le châtiment participe de la mécanique du crime. Du reste que fait un policier à l’université ? Le lieu où le savoir, chose pure et saine, est affranchi, libre et protégé les franchises universitaires.

Tuer son prochain, voilà chose abominable ! Tout est-il permis ? Non ! Le personnage de Raskolnikov l’a appris à ses dépens dans « Crime et Châtiment » de Fiodor Dostoïevski. « J’ai voulu oser et j’ai tué » a-t-il dit. Et ceux qui ont lu savent ce qui est advenu de lui. Celui qui tue même accidentellement meurt par le même acte qu’il vient de commettre. L’acte de tuer enlève à son auteur cette lumière qui fait vivre, il perd définitivement sa nature spirituelle. Et c’est le pire des châtiments.

Il ya un niveau d’illettrisme inquiétant pas seulement chez certaines autorités. Cela peut se dire sans prétention aucune. Lorsque les notions de violence, de force et de contrainte sont confondues par ignorance ou enfermées dans le corset du droit, les gendarmes et les policiers qui reçoivent des ordres sont dans un état d’esprit tel que les citoyens deviennent des cibles à abattre. Quand des autorités sont incapables d’aller au -delà d’une compréhension au premier degré des missions régaliennes de l’Etat ils se transforment tout bonnement en brutes qui n’hésitent pas à tenir une posture cynique.

Ils oublient, ils ignorent plutôt, que la vie n’est pas seulement affaire de  LOI, la vie commune c’est aussi LA FOI d’où la formule « UN HOMME SANS FOI NI LOI ». Un homme qui obéit aveuglément n’est pas humain, il devient une bête sauvage qui n’hésite pas à tuer sans comprendre. L’on ne dit jamais assez (toutes proportions gardées) que les criminels nazis n’étaient pas des psychopathes, ils obéissaient à la loi. C’était des fonctionnaires. Il n’ya pas pire criminel qu’un fonctionnaire obtus. Heureusement ils ne le sont pas tous. Même le philosophe Hannah Arendt, qui est d’origine juive, l’a reconnu aux criminels nazis. Ce qui lui a valu l’ire des services secrets israeliens. Mais le sommet de la mise en scène de l’esprit étroit du fonctionnaire est sans nul doute « Le procès » de Franz Kafka. Un livre à lire absolument. Un siècle auparavant Honoré de Balzac avait écrit « L’administration est un géant dirigé par des pygmées.» L’esclavage transatlantique était parfaitement légal, oublie-t-on. Tous les types d’Etat, même les Etats totalitaires sont des Etats de droit en ceci qu’ils représentent tous un ORDRE JURIDIQUE. La question n’est donc pas toujours d’invoquer et de dire le droit. Le seul problème est que tous les Etats n’incarnent pas la Justice. Lisez « Le gambit du Cavalier » de Faulkner, vous verrez une mise en scène géniale de la différence entre le droit et la justice.

Attention ! L’insuffisance de philosophie qui existe chez beaucoup de juristes aujourd’hui peut mener à une obéissance aveugle à la loi. Leur extrême médiatisation au détriment des autres disciplines crée aujourd’hui un « déséquilibre scientifique. »  Ils oublient souventes fois que le droit a été inventé par des philosophes. Le professeur Ousseynou Kane l’a dit dans un article mémorable. Lisez le philosophe Mahamadé Sawadogo dans « La parole et la cité » vous serez édifiés sur cette affaire. Le professeur Mody Gadiaga est l’un des rares juristes, de nos jours, qui nous ramène aux racines philosophiques du droit. Sans verser dans l’anarchie, lorsqu’une loi est injuste personne n’est tenu de la respecter. Une loi inique produit toujours des criminels. Le devoir d’obéir à une loi injuste n’est envisageable que lorsque cette injustice n’atteint pas certaines proportions. Et à la seule condition que la Constitution soit juste. John Rawls a consacré un sous-chapitre entier à ce sujet  dans son fameux  « Théorie de la justice ».Au reste, le comportement violent de la police et de la gendarmerie dans nos pays révèle peut-être des survivances de pratiques coloniales. L’administration en générale est restée « coloniale »sur certains aspects. Il y a lieu d’affranchir et décoloniser la police et la gendarmerie. Une réflexion générale devra être menée autour de ce conflit de principes (résistance et obéissance) dans le contexte des pays postcoloniaux.

« Tant que le citoyen a peur, l’ordre est sauf »pensent beaucoup autorités. L’on oublie que nous sommes en démocratie, un système fondé sur la liberté. « En Grande Bretagne, lorsqu’on sonne à votre porte à cinq heures du matin, c’est la laitière et non le policier » affirmait sir Winston Churchill, illustre écrivain et grand homme d’Etat. Autrement dit, la différence entre l’ordre colonial et l’esprit démocratique réside dans la forme, la manière. En démocratie même si les forces de l’ordre ont des griefs à l’encontre d’un citoyen, ils y mettent la forme pour que « force reste à la loi ».Lorsque des autorités ne sont pas suffisamment hautes pour agir intelligemment, il y a lieu de s’interroger. Aux USA les « Marines » n’interviennent jamais sur le sol américain face aux citoyens sauf en cas de force majeure où l’autorisation très procédurière de l’exécutif est requise. C’est à la Garde Nationale de maintenir l’ordre en cas d’émeutes. Aujourd’hui la forte militarisation de la police est décriée dans ce pays. Ici l’idée fondamentale est que l’armée appartient à la nation. Il serait contradictoire que l’armée agisse contre le peuple qu’elle est sensée défendre contre une invasion étrangère. Voilà toute la gravité des événements de Kédougou il y a quelques années. En république, la résistance comme l’obéissance sont des vertus cardinales qui peuvent entrer en conflit.

Des gouvernants qui pensent que seule l’obéissance est la vertu-mère et qu’il faut l’appliquer à sens unique sur les citoyens, ne sont pas dignes de confiance. Au dessus des autorités il ya la loi, au dessus de la loi il ya Dieu, l’Etre Suprême. C’est Platon qui pensait justement qu’il ya mieux que la loi, c’est l’homme noble, plein de vertus. Il ya lieu de rendre meilleures les hommes qui nous dirigent. Lorsque la loi est entre des « mains sales » ou inexpertes, alors c’est le règne de la barbarie. Espérons  que la mort de Bassirou Faye ne sera pas comme « Une ténébreuse affaire » évoquée par Balzac il ya deux cents ans. Depuis lors les fils d’Adam tombent comme des mouches. Décidément l’homme n’est pas perfectible.


Khalifa Touré

lundi 11 août 2014



Mais que vaut la littérature africaine aujourd'hui ?


« Qu’il s’agisse de l’écriture, de l’édition ou de la lecture, la littérature africaine a toujours épousé les contours de l’histoire du continent. Elle se distingue par une extrême modernité, elle-même caractéristique des sociétés africaines secouées par des mouvements de changements profonds » Khalifa Touré

 La littérature africaine est, en elle-même, une puissante volonté de communauté avec le monde. C’est une littérature ouverte, elle dépasse aujourd’hui la vieille « dialectique », enracinement-ouverture. Même un Léopold Senghor dont la notion d’enracinement colle à la peau, trône aujourd’hui magistralement sur le siège de l’écriture moderne aux cotés des Franz Fanon, Edouard Glissant et même Cheikh Anta Diop. Ils sont cités dans le même mouvement à travers les travaux scientifiques les plus sérieux sur l’Afrique. Je vous renvoie aux écrits d’Achille Mbembe, Paul Gilroy, Mamadou Diouf, Valentin Mudimbe et Norman Ajari. Leurs noms nous reviennent à travers les interstices et les brèches provoqués par les travaux des philosophes, sociologues et historiens africains. Ils représentent en quelque sorte le premier âge de la littérature africaine moderne et écrite.

 Même le très radical et grand écrivain Kenya Ngugi Wa Thiong’o se dit « afro-saxon », une référence à sa double culture anglaise et africaine. Les observateurs les plus fins de la littérature Africaine embrassent dans un même mouvement critique ces différents auteurs qui, il n’ya guère, étaient perçus à tord comme des défenseurs « aveugles » de l’authenticité culturelle. Des recherches plus profondes et une lecture plus serrée de leurs œuvres montrent aujourd’hui que ces auteurs ont voulu, dans leurs différentes postures, appareiller davantage vers l’universel. La littérature Africaine fut d’abord un mouvement qui relève du « sortir », une volonté de vivre,  de quitter le néant dans lequel l’appareil intellectuel du colonialisme avait confiné le sujet nègre. 

Achille Mbembe, un observateur singulier de la littérature africaine a vu juste en disant la chose suivante: « Le lieu de naissance de cette littérature est une structure d’épouvante au sein de laquelle l’Afrique apparaît sous la figure de ce qui n’est jamais parvenu à l’existence et qui, en tant que telle, est privée de toute force de représentation, puisqu’il est le principe par  excellence de l’obstruction et du figement. N’étant jamais vraiment née, n’étant jamais sortie de l’opacité du Néant, elle ne peut pénétrer dans la conscience universelle que par effraction- et encore. En d’autres termes, elle est une réalité sans réel. A l’origine, l’acte littéraire africain est une réponse à cette exclusion qui est, en même temps, ablation, excision et péjoration. » Les premiers auteurs africains de l’ère moderne ont voulu d’abord sortir de l’ombre pour exister. La littérature africaine est née de l’ombre. A ce titre le « Chants d’ombre » de Senghor constitue une parabole illustrative qui renvoie à l’acte de naissance même de la littérature moderne africaine.

Mais juste après ce mouvement originel, jaillit un autre phénomène littéraire qui peut être qualifié de postcolonial. Cette écriture postcoloniale  est une phase importante de l’histoire africaine, elle correspond à une volonté de jeter un  regard distant sur ses origines propres. Les origines ne sont plus si  glorieuses que cela ! Le mythe de l’héroïsme dans l’histoire ancestrale est déconstruit par des écrivains qui se sont heurtés violemment aux limites monstrueuses des indépendances fondées sur une glorification meurtrière de l’authenticité africaine. Tout le monde se souvient du dictateur Mobutu justifiant l’exécution de ses opposants par le simple fait qu’il appartient à la culture Bantou. Ces nouveaux écrivains se démarquent de la Négritude. Il s’agit entre autres et surtout de Yambo Ouloguem, Ahmadou Kourouma et  Wole Soyinka. Yambo Ouloguem avec son fameux « Le devoir de violence » nous révèle que l’obsession des origines et le fétichisme de la pureté ancestrale, ne semblent pas toujours jouer. Toute généalogie est imparfaite, d’où l’extrême violence qui traverse l’histoire des origines du continent à travers ce livre qui a remporté le Prix Renaudeau et du reste, l’un des chefs-d’œuvre de la littérature africaine. 

Dans la même foulée, « Les soleils des indépendances » d’Ahmadou Kourouma, se singularise par une déconstruction inédite de l’écriture et de « la manière de dire les choses » en littérature africaine.  Un pied de nez aux indépendances africaines, une grande puissance d’imagination et une singulière liberté d’écriture. La littérature postcoloniale est anti-culturaliste. La culture n’explique pas tout semble-t-elle nous dire. Ce doute et cette écriture du scepticisme nous les retrouvons aussi chez Ibrahima Signaté dans « Une aube si fragile » et d’une manière encore plus expressive chez Alioum Fantouré avec « Le cercle des tropiques », une œuvre singulière à l’atmosphère violente; un texte aussi important que celui de Yambo Ouloguem. Le grand Chinua Achebe avec son excellent « Le démagogue » ne manque pas de nous dire aussi que les nouveaux dirigeants de l’Afrique participent de l’ancien système de domination coloniale. Les indépendances deviennent meurtrières  et le malien Ibrahima Ly avec son fameux « Toiles d’araignées » l’a décrit avec un univers carcéral comparable aux goulags de l’ère soviétique. 

Mais le paroxysme de l’écriture excessive et « excédentaire » est sans nul doute celle de Sony Labou Tansi. Comme la postcolonie est un monde « chaotique », l’écriture devient tourbillonnaire. «  Cet espace tourbillonnaire, c’est précisément le point de départ de l’écriture d’un Sony Labou Tansi, par exemple » écrit Achille Mbembe dans « Sortir de la grande nuit » à la page 223. « La vie et demie » est peut-être l’acte de naissance du postmodernisme en Afrique. Sony Labou Tansi est à la littérature africaine ce que Quentin Tarentino est au cinéma : Une écriture apocalyptique, une vision post-moderne. Tous les deux appareillent vers un monde de folie, d’amour, de violence et de larmes. Voilà l’essence de la littérature qui fait de Sony l’un des créateurs majeurs de notre temps.

Alors naquit une écriture plus ou moins « dépouillée » des préoccupations communautaires, un style plus intimiste, davantage « familiale » qui correspond aux années de marasme sociale consécutifs aux programmes d’ajustement structurel et de détérioration des termes de l’échange. La littérature comme « fiction » trouve ses pendants dans les tentatives hâtives de trouver des explications à l’état de « sous-développement » du continent. Nous avons eu droit à des questions comme « Et si l’Afrique refusait le développement ? » d’Axelle Kabou et « L’Afrique a-t-elle besoin d’un programme d’ajustement culturel ? » de Daniel Etounga Mengellé, ouvrages vite oubliés puisque fondés sur des préjugés de race et une approche maladroitement culturaliste. Aujourd’hui la littérature africaine va  dans « tous les sens »  au gré de la liberté des créateurs, elle est devenue plus libre. Le corset de l’engagement littéraire ne semble plus prendre. Il existe aujourd’hui un réel exercice sur la forme, un travail de ciselage et de sculpture du texte chez Thierno Monenembo, Boubacar Boris Diop, Alain Mabanckou, Ayi Kwe Armah, Ben Okri et bien d’autres.

 Il existe en Afrique de vrais artistes de l’écriture à coté des artisans qui se démènent pour dire quelque chose. Ensuite vient une cohorte d’auteurs moins bons, parfois médiocres et même souvent exécrables.
Notons, au reste, le cas étrange du Congo qui compte plus d’écrivains que bons nombres de pays africains réunis. Le Congo est à lui seul un phénomène, un ogre littéraire. Le puissant critique littéraire Pius Ngandu Nkashama est congolais, de même que Valentin Mudimbe (RDC). En 2005 ce sont près de 200 auteurs qui sont étudiés, évoqués, cités ou mentionnés et bien davantage encore d’essais et de récits.
L’Afrique du Sud  compte pas moins de 180 écrivains actifs recensés et étudiés par d’éminents spécialistes comme Jean Sevry. Elle se singularise par deux prestigieux prix Nobel de littérature : Nadine Gordimer(1991 ) qui vient de nous quitter et John Maxwell Coetzee(2003)

 Il y a le cas aussi du Cameroun où aujourd’hui, historiens, sociologues, anthropologues et littéraires se confondent (Achille Mbembe, Jean Marc Ela, Leonora Miano, Calixthe Beyala, Abel Edinga). Quant au Sénégal, il existe une écriture post-senghorienne qui n’est pas suffisamment étudiée : il s’agit de Boris Diop, Ken Bugul, Abass Ndione, Abdou Anta Ka, Ibrahima Sall et cheick Aliou Ndao. Le congolais Alain Mabanckou se distingue par son extrême médiatisation, Yasmina Khadra, auteur algérien prolixe, ancien officier de l’armée algérienne lors des années de guerre civile(90), auteur du best-seller « L’attentat » est un écrivain du futur. Le sénégalais Boubacar Boris Diop se distingue par une certaine distance et une subtilité qui frise l’austérité indispensable à toute écriture « sérieuse ». L’ivoirien Koffi Kwahulé moins connu que les autres, est un dramaturge talentueux et rigoureux, lisez « Babyface ». Thierno Monenembo, Henri Lopes et Tahar Ben Jelloun sont aujourd’hui des écrivains établis. Le congolais Emmanuel Dongola, les ivoiriennes Véronique Tadjo et Suzanne Tanella Boni, le mozambicain Mia Couto, l’algérien Mounsi et encore d’autres comme le togolais Sami Tchak continuent d’écrire et c’est l’essentiel en littérature.

Quant à l’édition elle se porte plus ou moins bien selon les pays. Il existe un  réseau des éditeurs africains. Créé en 1992, l’Apnet compte 45 pays membres et son secrétariat est basé à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Son but est de renforcer l’édition locale partout en Afrique. Aliou Sow, son président distingue à juste raison, les problèmes suivants : l’accès aux capitaux, l’étendue du marché, la faiblesse du pouvoir d’achat et le problème de la distribution. « Il y a des lecteurs, il y a des livres mais il y a un gros problème de disponibilité. » dit-il.
Khalifa Touré
778151166/709341367