« Les hommes sont
si nécessairement fous, que ce serait être fou, par un autre tour, de folie de
n’être pas fou. » Voilà le pari pascalien pour la folie nécessaire. Ce
n’est plus Dieu qui est en cause mais les tribulations infécondes de l’âme
humaine. Quand la folie est la chose la mieux partagée elle devient ordinaire. Alors,
une vaste foire aux fous est organisée au Sénégal. Elle pousse les citoyens à
pisser partout dans la capitale, la capitale de notre vie, vaste urinoir où les
mauvaises odeurs viennent se mêler aux senteurs odorantes des femmes qui sont
toujours sur leur trente et un.
Un écrivain sénégalais
a voulu ainsi chercher l’irrévérence pour décrire, décrier et faire sentir le
paradoxe olfactif de notre existence. Il va falloir nettoyer à grande eau les coins et recoins, les rues de la capitale de notre
vie avant que feu et sang ne viennent purifier les lieux de notre culture urbaine
infectée par des années d’insouciance et
de folle confiance aux saints. Il y a plus de saints dans un coin de l’Irak que
dans tout le Sénégal réuni.
Les errements de notre existence saturée de folie viennent enfin se vautrer par lassitude dans le
fétichisme des aisselles odorantes des femmes ; une image fabriquée par un poète clairvoyant. C’est
alors que les fous les plus lucides
deviennent les routiers de nos chimères infécondes. Les mauvaises odeurs ne
viennent pas des femmes heureusement, elles passent partout à travers les pores béants de notre
corps social que les nouveaux types de sociologues médiatiques n’arrivent pas à
comprendre. Ils marchent dans la boue de l’inculture et des symétries faciles
pour soi-disant analyser les faits sociaux. Mieux vaut confier notre corps
social à l’analyse des bucherons qui vont la couper de part en part. Trois
pelés et un tondu, trois sociologues et un juriste nous ont tympanisé pendant
des années. Il n’en reste plus qu’un seul indécrottable des media. Le grand
nettoyage aura raison de lui.
Les saltimbanques les
plus agités sortent des fosses septiques de
notre vie, comme des blattes peupler nos regards énamourés et prompts à tomber
amoureux de n’importe quel tas de viande animé de paroles, pourvu qu’il parle à
la télé. Finalement nous avons l’amour facile. La grande tragédie de
l’existence est que l’homme s’habitue à tout. Elle fricote avec l’insalubrité
morale. La viande faisandée de la politique n’attend pas les marchands de chère
infecte pour empuantir nos veines par le sang contaminé des ânes. Nos
douloureux remerciements aux affreuses fripouilles qui ont égorgé des ânes pour
notre gloutonnerie. Beaucoup de carnassiers ne mangeront plus de viande. Ils
viennent d’être informé qu’il y a des compatriotes qui peuvent aller très loin
dans le vice. Nous sommes des hyènes qui mangeons la chère de nos semblables. Djibril Diop Mambety est
le génie qui a le plus compris notre fascination pour le meurtre collectif de
notre prochain. La viande d’âne qui arrive dans nos plats préfigure
l’autodestruction d’une société qui fabrique de plus en plus des sociopathes
qui ont choisi l’empoisonnement et l’appât du gain comme modus operandi. Des
psychopathes tueurs en série, il n’y en a pas seulement en politique.
Beaucoup devront passer aujourd’hui à la moulinette et même
pour certains au rouleau compresseur de la vertu. Ils seront ratatinés par la
machine du bien. Leurs cris d’orfraie nous révèleront
qu’ils ne sont pas ce qu’ils prétendent être. Ils ne sont rien moins que des présomptueux,
faux dévots et tartuffes de la religion, des fayots de la politique. La sotte fatuité
de certains francophiles qui prétendent influencer l’Afrique sous couvert de
lutte anti-terroriste, la forme carrée et bizarroïde des cadres administratifs
en costards qui sont heureux de savoir seulement nouer une cravate, les
étudiants-mannequins des nouvelles écoles de formation qui ne sont formés
à aucune science fondamentale etc. Tous,
des fous furieux candidats idéals à la refondation, sinon au licenciement
collectif.
Le vice du paraître et de la personnalisation jouissive a
contaminé les animateurs qui se croient toujours au septième ciel devant les
caméras mobiles de nos chaines de télé où tout le monde est à l’abri même les trompeurs,
les obsédés et les maniaques. Beaucoup d’animateurs n’ont pas d’âme. Comment
peuvent-ils animer alors? Nous avons eu droit à un grand moment de télé
lorsque cet imam a injurié le père de
Birima le fou de « Jakkaarloo ». C’est bien fait pour nous! Mais autour de cette table, le plus fou n’est
pas celui que l’on pense. C’est cela la télé que les jeunes et les femmes
préfèrent à leurs mères.
Pour beaucoup de jeunes, les injures s’adressent à la mère.
Ils pratiquent l’auto-injure. C’est le comble de la folie ! Cette
incroyable impolitesse adressée à soi et à la mère a quelque chose d’incestueux et de suicidaire. Un de ces jours, ces jeunes commettront quelque
chose d’innommable. Ils sont animés d’une colère malsaine. Leur mine
patibulaire renseigne sur un vide éducatif qui appelle à être comblé par les
pierres de la vertu. Quitte à les lapider, il va falloir qu’ils marchent droit.
On n’injurie pas sa mère. Ceux parmi eux qui ont du cœur ont pris le large. L’Atlantique
est le saint suaire de ces enfants qui ont préféré leur mère à la justice qui
embastille et libère qui elle veut. Un de ces jours il va falloir procéder à la
dissolution de la justice.
Quant aux entrepreneurs moraux ils hantent les séances de chants
religieux à l’affût des regards féminins. L’argent est le mobile de leurs
crimes, ils n’ont même pas d’alibi. Ils chantent les louanges du Prophète
(PSL) comme s’ils s’adressaient au Dammeel Madiodio. Leurs jours sont comptés,
eux et ces Oustaze braillards qui prétendent commenter des vers poétiques. Les
balivernes et sornettes qu’ils racontent sur l’histoire religieuse de ce pays
sont particulièrement prisées par les chauffeurs de taxis et de cars
« Ndiaga Ndiaye ». Ce n’est même pas de l’histoire mémorielle. Ce
sont des histoires à dormir debout. Ils continuent à raconter des Hadiths
apocryphes qui font rire les jeunes étudiants des facultés de Sharia. Mis à
part Cheikh Tandian le « Hadithologue » de la RDV ils sont peu
nombreux à pouvoir donner des avis islamiques motivés. Alors les jeunes
assoiffés de Dieu se réfugient auprès des gourous « musulmans » et
des églises délinquantes qui organisent des orgies et écument les cinémas
désaffectés de Dakar qui ont finit de diffuser les derniers films
pornographiques.
Ici finit l’éloge de la folie
ordinaire avant que la bête immonde ne sorte des entrailles de la terre.
Khalifa Touré
sidimohamedkhalifa72@gmail.com