Qui la connaissait réellement ? Peut-être personne. Seul
Dieu sait ! Elle nous cachait tout son être, son être profond sous les
oripeaux, les clinquants, le visage enfariné, les beaux habits, l’apparence, tellement
d’apparence qu’en fin de compte nous ne voyions que cela, berné par notre
inintelligence visuelle.
La beauté talquée de la poudre faciale qui rappelle le Kabuki
japonais. Cet art de la représentation théâtrale où les personnages
apparaissent le visage tout
blanc d’une beauté de la mort joyeuse. Déguène Chimère était peut-être
une artiste. Qui sait ? Elle se déguisait, se cachait sous des costumes
hyper-colorés. Elle était adepte de la transformation de surface. Le public n’y
voyait que changement…changement constant d’habillement. Si ce n’était que
cela. L’Homme cet inconnu ! La femme ce mystère.
Happé par la surface glissante des choses chimériques nous ne
voyions pas que son second prénom était un leurre. Chimère fait chic, bling-bling et branché pour les
jeunes filles qui aimaient ces choses-là ! Une vraie créature à
l’apparence flamboyante. Déguène Chimère avait un visage qui en disait un peu
sur sa fin. Elle avait les yeux souvent embués de larmes et cela se voyait peu.
Déguène Chimère est une beauté enfarinée. Elle nous cachait quelque chose,
plein de choses qui nous faisaient jaser, médire sur sa moralité. Il est des
êtres tellement dans la légèreté apparente qu’ils nous cachent leur beauté
profonde ! La beauté est certes dans la mort. On ne peut l’a saisir que
dans cette fin prochaine qui ouvre une autre vie.
Déguène Chimère Diallo était une entrepreneure morale. Son
job était de dire et de faire faire le Bien. Ah quel métier ! Dangereux
exercice qui touche au Salut de l’âme. A la radio d’abord en
« confidences » avec une voix doucereuse embuée d’interminables
« MachAllah », de larmoyants « Ndeyssane » et de
ferventes « laa Khawla wa la qouwata illa billAh »….et puis ensuite à
la télé ce petit écran
cathodique qui prétend tout montrer et nous cache l’essence des choses. La
télévision est une « vision » à distance. C’est la consécration pour
beaucoup et la chute pour certain. Une simple apparition à la télé a détruit bien des hommes ! Déguène Chimère
est passée comme un météore et il ne s’est rien passé. Ni scandales mal
étouffés, ni chamailleries inutiles et désobligeantes. La télé attire séduit et
détruit les animateurs que l’on ne reconnait plus. Même des Oustaze en costume
cravaté que certaines stars refuseraient de porter, tellement le déguisement
sonne faux. Elle est passée indemne la Chimère. Mais comment a-t-elle
fait ? Seulement rester dans le passé être fidèle à ce qu’elle fut naguère
et même jadis c'est-à-dire Déguène Chimère Diallo tout bonnement, donc une
femme du passé. Le mal est que les hommes et les femmes d’aujourd’hui ne
veulent pas être du passé mais de demain. S’ils préféraient l’avenir soit, le
monde irait mieux. Demain n’est pas forcément l’avenir, c’est le monde immédiat
sans épaisseur, un jour incertain qui périra à coup sûr.
Il est passé inaperçu le traitement médiatique de sa
dépouille mortelle. Ce n’est plus ici la télévision qui est en cause mais les
réseaux sociaux où des insouciants se sont avisés à publier la dépouille, le
linceul blanc visible, en porte -à-
faux avec notre culture musulmane malikite et locale. Un marabout s’est
même permis de publier la photo sur Facebook. Quand la folie de Facebook touche
un marabout c’est le signe de quelque chose d’anormal à l’extrême. Cette manie
à publier à tout bout de champ sur la toile, Déguène Chimère Diallo en a été la
victime. Des internautes faussement illuminés sous prétexte de prêche se
permettent de publier des images dégueulasses de corps en putréfaction. Ils
sont tout simplement méchants !
En droit musulman, le traitement de l’image de la dépouille
mortuaire est d’une délicatesse ! Au Sénégal particulièrement lorsqu’il
s’agit d’une femme, les personnes chargées de déposer le corps dans le tombeau
sont couvertes de drap en respect au principe de pudeur. Les derniers
préparatifs pour « le repos éternel » dans le caveau sont ainsi dérobés
du regard. Un accident est vite arrivé, le linceul peut se détacher. Il est
rare même qu’un descendant de sexe masculin soit associé à cet exercice… par
pudeur. Lisez attentivement « le livre des funérailles » dans
« La Mouwwatta » de l’Imam Malick vous serez étonnés par l’extrême
humanité du traitement des morts en Islam. Le rite Malikite est particulièrement
sévère en la matière. Ce n’est nullement hasard que le Prophète (PSl) lorsqu’il
s’agissait d’une femme se plaçait à hauteur de son milieu pour prononcer la prière
mortuaire et pour un homme il se tenait debout à hauteur de la tête. En la
matière le livre de Cheikh Hassan Ayyoub « Voyage vers l’éternité »
est l’un des meilleurs. Mais lisez surtout « Le livre de l’âme » du
saint homme Ibn Qayyim Al Djawzia, vous vous passerez de ces médiocres prêches
à la Facebook et vous saurez définitivement que la mort est une vie. Vous serez
pétris par le profond sentiment de vouloir rencontrer le Seigneur des mondes,
vous n’aurez plus peur de la mort. Ceux qui désirent ardemment rencontrer Le
Maitre Du Trône Immense mourront tranquillement. La Mort est un accomplissement
pour ceux qui connaissent Dieu.
Cette mort qui en vérité est la station primordiale Déguène
Chimère Diallo, l’animatrice de Télé, ne l’a voulu. La mort était déjà là
présente lorsque nous n’étions pas encore. Elle fauche qui elle veut selon un
décret enfoui dans le Livre Cacheté. Allah ait pitié de son âme !
KHALIFA TOURE
Sidimohamedkhalifa72@gmail.com