vendredi 29 avril 2016

Qui va arrêter Yaya Jammeh ?







Yaya Jammeh serait-il un homme indéboulonnable ? Certainement que oui pour les superstitieux inguérissables,  les partisans du jugement facile et enfin ceux parmi les sénégalais qui jouent à on ne sait à quel jeu. S’il ya plus de justice, de libertés et de respect des droits humains en Gambie qu’au Sénégal, s’il ya plus d’Islam, de foi et de prospérité économique dans ce pays qui n’appartient pas à Yaya Jammeh ils n’ont qu’à renoncer à la nationalité du pays de Blaise Diagne, Lamine Gueye, Ngalandou Diouf, Mamadou Dia, Valdiodio Ndiaye et Léopold Sédar Senghor ; le pays du grand Khaly Ammar Fall, Thierno Souleymane Baal, El Hadji Oumar Tall Al Foutihou, Cheikh El Hadji Ibrahima Niasse et Cheikh Moussa Kamara. Ils n’ont qu’à aller se plaindre auprès de ce tyran adepte reconnu de la magie noire. Au passage la magie noire est punie de peine de mort en Shari’a. Je vous renvoie au Fatkhoul Baari de Ibn Hadjar Al Asqalani. Cette opinion est Ijma c'est-à-dire consensuelle par toutes les écoles juridiques. Ils n’ont qu’à s’exiler en Gambie et confier leurs litiges à des juges nigérians, ghanéens et libériens, loués et achetés par Yaya Jammeh pour prononcer ses sentences macabres contre les opposants, les journalistes et les pauvres étudiants. On a tous compris !  Il n’a qu’à continuer ses sacrifices humains sous couvert de peine de mort, de traque des homosexuels, des opposants et des journalistes. Maintenant il s’en prend à de pauvres sénégalais qui ont commis l’imprudence de s’aventurer au-delà des frontières. Il n’a qu’à les tuer, s’il le veut, le justicier de pacotille! Yaya Jammeh est une honte pour la commission africaine des droits de l’homme mais surtout pour les intellectuels africains, la gauche africaine, les panafricanistes et les lobbyistes. Oui ! les lobbyistes qui peuvent faire quelque chose. Lors de la visite de Barack Obama au Sénégal Yaya Jammeh « le guerrier » a fait des pieds et des mains pour se faire inviter. « For God’s Sake invitez-moi, je ferai tout ce que vous voulez, ngir Yallah !!»  Pas bête le bonhomme devenu trapu à force de s’engraisser. Il a peur de l’isolement. Mais il est surtout réaliste. Il se dit que la Gambie est un petit pays qui n’intéresse personne, je peux pilonner, moudre et ratatiner qui je veux, les occidentaux ne lèveront pas le petit doigt. Mais on verra. Ceux qui croient savent que la justice divine existe. Il touchera un jour à l’intouchable ! Les gambiens adorent les sénégalais, mais Yaya Jammeh déteste le Sénégal ! « Vous jouez comme d’habitude au futé vous les sénégalais, mais vous verrez, je vais vous faire miroiter votre pont, mais vous ne l’aurez jamais ! » Voilà l’arme absolue contre le Sénégal.

Yaya Jammeh serait même un ami de Dieu, un marabout détenteur de pouvoirs mystiques. Aujourd’hui c’est un islamiste parce que qu’il traque les homosexuels et applique la peine de mort. Ah oui ! George Bush père est un islamiste parce que c’est un partisan irréductible de la peine de mort et la non-légalisation de l’homosexualité. Piètre définition du bon musulman ! Les droits de l’hommistes et les religieux chrétiens de la Gambie qui attaquent ce dictateur ubuesque sous l’angle de l’Islam ont un autre agenda. Ce n’est pas sérieux ! L’anti-islamisme et son succédané qui est l’anti-jihadisme opportuniste est devenu aussi un Jackpot pour beaucoup de gens qui en vivent. Personne ne veut  entendre la vérité ! Ils savent bien que Yaya Jammeh n’est pas un islamiste, il n’a aucune filiation idéologique avec l’islamisme. Il n’est rien de moins qu’un tueur narcissique. Ce monde n’est pas sérieux ! Tous les grands  combats, les nobles causes pour la restauration de la dignité humaine sont parasités par de grands enfants qui déblatèrent des choses qu’ils ignorent, des opportunistes guidés par l’argent, et des comploteurs à la solde, qui savent ce qu’ils font et sont prêts à toutes les manipulations pour alimenter leur combat d’arrière-garde. Personne n’ose leur dire « taisez-vous ! », à commencer par l’avant-garde de la gauche nationaliste africaine qui n’est même pas au courant des dérives, des déviances et de la récupération raciste des thèses de Cheikh Anta Diop dans les réseaux sociaux. Des individus mal intentionnés sont en train d’utiliser la plate-forme intellectuelle du Sénégal pour véhiculer les divisions ethno-religieuses d’un pays d’à-côté. Ils investissent les réseaux sociaux et utilisent des relais médiatiques locaux pour fouetter la fibre « nationaliste » anti-arabe et soi disant pro-africaine.

Quant à  Yaya Jammeh il serait même un panafricaniste pour ces jeunes et vieux qui n’ont aucune envergure. Un panafricaniste est aujourd’hui un africain qui a l’injure anti-occidentale à la bouche. C’est trop simple, trop facile et même écœurant. C’est à vomir si on écoute ces manières puériles, dangereuses et réactionnaires de défendre l’Afrique. Il yen a même qui verse dans le racisme anti-blanc et anti-arabe. Les groupes qui les abritent ne s’intéressent même pas à leur orientation idéologique, il leur suffit d’entendre quelqu’un qui a le toupet de dire que l’occident est le mal absolu et c’est tout. Voilà la définition actuelle du panafricanisme qui fut naguère éminemment politique et scientifique pour des hommes valeureux comme Cheikh Anta Diop, Marien Ngouabi, Modibo Keïta ou Julius Nyerere. Il faut une forte préparation morale, scientifique et théorique pour défendre l’Afrique. Sinon on risque de tomber dans la sensiblerie panafricaniste. Entre-temps Yaya Jammeh aura tenté de supprimer tous les gambiens. Mais il ne le peut. La colère de Dieu s’abattra sur lui ! Allah protège la Sénégambie !

Khalifa Touré
sidimohamedkhalifa72@gmail.com
 

dimanche 17 avril 2016

Que sont devenues les indépendances africaines ?





Ce qu’il ya de juste, de beau et d’effrayant à la fois dans cette Afrique postcoloniale  ce sont les différents mouvements de changements profonds qui travaillent le corps social du continent noir depuis que le colonisateur fatigué de coloniser a voulu lâcher du lest. Le mot est là trouvé : les indépendances africaines, qu’elles soient plus ou moins « données », arrachées par la voie des armes ou par un Non retentissant sont apparues chez le colonisateur comme une manière de lâcher du lest. Pourtant ils en ont bavé ces colons face au FLN en Algérie,  à L’Union de populations du Cameroun (UPC), au PAIGC en Guinée Bissau et au Cap-Vert, à la SWAPO en NAMIBIE qui  a été le seul mouvement de libération africaine sans base arrière, à l’ANC en Afrique du Sud, à la RENAMO et  au FRELIMO au Mozambique, au MPLA et à l’UNITA en Angola avant que cette organisation naguère anticolonialiste ne sombre dans une collaboration odieuse avec le régime raciste de l’Apartheid, à la ZANU au Zimbabwe sans oublier la sainte résistance héroïque de la Sanoussia d’Oumar Moukhtar face à l’Armée coloniale italienne en Lybie. Et tant d’autres…

Malgré ces luttes héroïques aux fortunes diverses nous sommes toujours lestés par la corde coloniale qui n’est plus faite de chanvre heureusement mais d’une matière plus fine et aussi mortelle. La domination en postcolonie est subtile ; elle est d’une complexité telle que l’on ne perçoit pas suffisamment ses ressorts et manifestations les plus sourdes. C’est une domination culturelle fondée sur le monopole du savoir. Les élites postcoloniales autant qu’elles soient politiques, économiques et religieuses participent de cette ère caractérisée par un usage particulièrement politique de la raison. Le postcolonialisme en Afrique est une crise, un conflit entre les lames de fonds qui travaillent notre histoire en cours et le boulet colonial qui n’est plus exclusivement français, anglais, italien, belge, espagnol, allemand ou portugais et l’impérieuse volonté de s’affranchir qui caractérise la jeunesse africaine aujourd’hui friande de Cheik Anta Diop, Aimé Césaire, Franz Fanon et Thomas Sankara. Même le plus méconnu comme le martyr de l’horreur colonial camerounais, Ruben Um Nyobe est en train de ressusciter.  Après ces indépendances pas si offertes que cela, c’est la matière indocile de l’Afrique qui se bat aujourd’hui contre ses propres élites et les anciens colons. Malheureusement, l’irrévérence n’est pas traduite par un projet culturel révolutionnaire. Le leadership africain postcolonial se caractérise par la docilité, la faiblesse et le mimétisme. C’est un leadership « bankable », dénué de substance politique, aseptisé par un discours lénifiant sur la fonction dirigeante.  Les jeunes leaders préfabriqués par des organisations envoûtantes où on leur fait miroiter un avenir africain où ils joueront les premiers rôles grâce à leurs beaux costumes,  leur dextérité à nouer une cravate, à baratiner avec des formules toutes faites histoire de bien communiquer. « L’essentiel est d’avoir des institutions fortes » entend-on partout. Attendons que des fayots politiques, leaders de pacotille viennent nous bâtir ces Institutions ! Des hommes faibles sans substance à qui on demande de créer des institutions fortes ! De qui se moque-t-on ? Malgré les perversions du populisme démocratique il ya un désir d’ordre dans les grandes villes cosmopolites de l’Afrique. Il n’est pas rare d’entendre par-ci,  par-là l’évocation d’un « pouvoir fort pour mettre de l’ordre ». Même si la formule reste purement  incantatoire, elle a le mérite d’être dite paradoxalement à coté des revendications de partage équitable de la « cagnotte nationale », de liberté d’expression et même de droit de savoir ce qui se passe au sommet ; ce qui est la forme la plus séditieuse du discours politique.

Autant dire que les aînés nous ont légué la fibre combattante qui a été mise en veilleuse par les tout premiers régimes liberticides après les indépendances jusqu’à la chute du mur de Berlin à la fin des années 80. Alors survinrent la période des conférences nationales consécutive à l’échec politique et culturel des dictatures africaines. Les régimes nés de ces conférences ont offert un bilan très mitigé. Mais paradoxalement les sociétés africaines se sont modernisées de façon silencieuse et profonde. Alors, la mutation sociale à connotation culturelle et grouillante de créativité en matière d’habitat, de vie de relations et de préoccupations artistiques et même linguistiques apparut dans une sourde révolution qui joue contre l’immobilisme des Etats africains. La posture figée de nos Etats risque d’entrer en collision avec le langage créatif, « libertaire », tourbillonnaire et mouvementé des sociétés africaines. En Afrique les prochains conflits seront de nature culturelle : La culture dirigiste, jacobine, violente et hautaine de nos administrations et la culture « indépendantistes » de nos sociétés vont s’affronter dans un bel avenir. L’explosion de la révolution numérique et la grande pratique de l’audio-visuel, le retour à  un panafricanisme « réactif » non encore documenté est l’une des caractéristiques les plus remarquables de la jeunesse africaine aujourd’hui. Les jeunes contestent tous les vestiges du colonialisme, pestent contre les entreprises  du Nord qui siphonnent la force de travail des africains, fulminent contre les dirigeants qui s’affichent aux cotés des hommes d’Affaires étrangers et même revendiquent l’institutionnalisation des langues africaines… « Ils ont tout compris ! » comme disait Tiken Jah Fakoly. Ces formes d’émeutes aux relents culturels seront-elles sans lendemain ? Impossible. L’Afrique est en train d’aller quelque part malgré les recompositions violentes qui font des morts sur terre, dans la forêt et en mer. Il ya d’immenses réserves de vie sur ce continent !
Khalifa Touré

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Les Panama Papers ou le refus du partage




Le scandale des Panama Papers a ceci d’intéressant qu’il est le symptôme de ce qu’on peut appeler la crise du partage, du don et de la solidarité. Les hommes en général ont peur de donner. C’est instinctif ! Sauf les généreux et les philanthropes, qui sont rarissimes. Mais cet événement médiatique est d’autant plus grave qu’il révèle un  mensonge généralisé sur notre système de vie en tant que civilisation humaine. Tous les systèmes modernes inventés par l’homme, à commencer par la démocratie, sont à quelques aspects mensongers parce qu’ils demandent aux hommes d’adhérer malgré eux à un idéal de bonté universelle. « Pour faire des lois, il faut supposer les hommes méchants » a écrit le très avisé Nicolas Machiavel, un singulier parmi les grands connaisseurs de l’homme comme Alexis Carrel et Fiodor Dostoïevski ou Jean Baptiste Poquelin dit Molière  dont  « L’avare » a traversé les siècles.  Mais de là à faire l’apologie d’un système de vie fondé sur un réalisme abject, il y a un monde. S’il fallait prendre toujours l’homme tel qu’il est dans toutes les affaires de la vie, on aurait eu un monde peuplé de bêtes féroces. Si les hommes ont eux-mêmes inventés la morale, la générosité, le don de soi, de ses biens et même la philanthropie contre leurs propres pulsions égoïstes c’est parce que le geste du partage est utile pour l’équilibre de la vie en société et l’élévation spirituelle. 

Les hommes sont prétentieux, ils aiment aspirer à la hauteur. Tout cela rend, abjecte, horrible, mensongère et même criminelle cette histoire de Panama Papers dont la liste est presque exhaustive du point de vue de la typologie des mis en cause. On y trouve des hommes politiques, des banquiers, des hommes d’affaires, des sportifs, des juges, des espions, des militaires, des diplomates, des cinéastes, des écrivains, des musiciens, des avocats, des escrocs professionnels et reconnus, des  parents et associés de membres de gouvernements( à ce titre  Pierre Goudiaby Atepa architecte et conseiller spécial de l’ex-président du Sénégal Abdoulaye Wade et  Mamadou Pouye, ami de Karim Wade, lui-même fils de l'ancien président Abdoulaye Wade ont été cités). L’homme d’affaires Seydou Kane  a lui aussi été cité. Ils sont pour le moment les seuls citoyens sénégalais cités dans cette affaire. 

« Les Panama Papers  désignent la fuite de plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, détaillant des informations sur plus de 214 000 sociétés offshore ainsi que les noms des actionnaires de ces sociétés. » Il faut à la vérité dire que cette affaire est un grand moment de journalisme. Elle comptera à coup sûr parmi les plus belles pages de la pratique journalistique. Un moment épique sans aucune forme d’exagération. Mais le véritable héros de cette « bataille » est ce lanceur d’alerte anonyme qui a dénoncé et organisé la fuite de ces informations avant que des professionnels de l’information se saisissent de ce « crime » pour faire un minutieux et secret travail de vérification, de recoupement, de croisement pour aboutir à un dossier dont l’authenticité est indéniable. Les Panama Papers sont une œuvre monumentale : 2,6 téraoctets de données compulsées incluant 214 000 sociétés offshore, plus de 4,8 millions d'emails,  3 millions de bases de données, 2 millions de fichiers PDF, 1,1 millions d'images (notamment les photocopies des passeports des actionnaires et des scans de contrats signés),  320 000 fichiers-texte et environ 2 000 fichiers d'autres formats. Il ya des raisons d’espérer en ce monde lorsque l’on pense au nombre d’hommes et de femmes qui se sont relayés pour faire ce travail philanthropique : 370 journalistes issus de 109 rédactions basés dans 76 pays. D’autres révélations sont à venir. La pègre mondiale a du souci à se faire.

Dans la plupart des pays anglo-saxons à culture capitalistique et protestante où l’argent n’est pas un « objet » tabou comme dans les sociétés à tradition catholique ou musulmane, les sociétés  extraterritoriales appelées offshore, ne sont pas frappées d’interdit. Mais tout le monde conviendra que leur utilisation comme sociétés-écran dans l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent ne peut qu’être criminel. C’est du vol déguisé fondé sur le mensonge, la dissimulation frauduleuse et le refus de partage. D’où vient tout cet argent ? Pourquoi Panama qui a dopé son économie par l’argent sale n’est-il pas classé parmi les États voyou ? Des experts, toujours les fameux experts, ont beau dire que cette affaire n’incrimine pas seulement l’argent du crime mais concerne aussi de l’argent honnêtement gagné. Honnêtement gagné oui, mais dont les détenteurs ont délibérément violé le principe du partage et la loi sur la fiscalité. Que de simples footballeurs comme Lionel Messi oublient leurs origines modestes en trichant sur l’importance de leur fortune pour éviter de payer plus d’impôts est certes  exécrable. Mais le plus effrayant dans cette affaire c’est le nombre important de juges et de parlementaires qui figurent dans la liste : Brésil, Botswana, Cambodge, Equateur, Kenya etc. Que font dans cette liste honteuse, Jaynet Kabila membre de l'Assemblée nationale, fille de l'ex-président Laurent Désiré Kabila et sœur de l'actuel président Joseph Kabila,  Clive Khulubuse Zuma, neveu du président Jacob Zuma, Jean-Claude N'Da Ametchi, associé de l'ancien président Laurent Gbagbo, John Addo Kufuor, fils de l'ancien président John Kufuor,  Mamadie Touré, veuve de l'ancien président Lansana Conté, Kojo Annan, ghanéen, fils de l'ancien secrétaire général Kofi Annan, Tareq Abbas, fils de Mahmoud Abbas, chef de l'Autorité Palestinienne ? Ils sont tous issus de milieux extrêmement pauvres. Ils devraient avoir honte. Mais l’assemblée de hommes ne peut fonctionner à la vergogne. Des hommes et des femmes ne peuvent continuer à manger la chair des pauvres sans être jugés et condamnés pour cannibalisme. A suivre !
Khalifa Touré

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