vendredi 30 septembre 2016

LE TEMPS DE LA COLÈRE DISSIDENTE




« La folie est quelque chose de rare chez l’individu, elle est la règle pour les groupes, les partis, les peuples, les époques. » Friedrich Nietzsche

Il est à croire que la démocratie est devenue la partie honteuse de l’homme contemporain. Elle pousse les plus lucides à des envies de « remonter les bretelles » à tout le monde. Tous ceux qui détestent la grandeur, les bonnes manières et la tenue hiératique s’en donnent à cœur joie. Ils déversent leur fiel pourri d’ignorance sur les survivances aristocratiques. La vertu n’existe qu’en pointillé sur le voile déjà embruni de notre existence douteuse et par conséquent précaire. J’entends les psychopathes qui s’ignorent, chanter les louanges de Yaya Jammeh comme s’il était concerné par le sujet. Les aristocrates n’ont jamais tué personne, leurs opposants ne meurent pas en prison, ils ont laissé le sale boulot aux monarques d’autrefois  et aux « roitelets » d’aujourd’hui. Les droits de l’hommistes sans vergogne se sont noyés dans les lois du  marché occidental de l’anti-peine-de-mort et la défense des minorités sexuelles. Les naïfs électeurs  qui s’entêtent à voter soi-disant par devoir citoyen ou par routine, sont des maniaques qui s’ignorent. Ils sont complices d’une organisation qui les écrase. L’esclave aime son maître, c’est connu !

La démocratie ne construit pas mais elle conserve, consolide et soutient l’édifice. Rien de grand ne s’est construit en période démocratique. Les mouvements sociaux auront raison de nos Etats déjà fragiles qui ont besoin d’être consolidés sous les coups de boutoir de la stratégie « occidentale » de privatiser les Etats postcoloniaux. L’échec de l’Etat-Nation n’est que le prétexte trouvé pour créer d’autres formes de gouvernement téléguidé. L’Etat-Nation est une histoire politique occidentale après tout. Les jeunes africains en colère justifiée face aux satrapies postcoloniales seront intellectuellement soutenus, financés et défendus par un occident qui prépare « la solution finale ».  Alors la voie sera ouverte à la dernière vague d’envahissement face à l’empire chinois, et enfin à l’anéantissement de toute volonté chez les africains. Les sociétés civiles africaines devraient élaborer un protocole de lutte de libération qui fera payer très cher à l’occident toute velléité d’envahissement et d’ingérence.

Quant à ceux qui tombent facilement amoureux des agitateurs politiques ils mourront de chagrin d’amour, pas forcément tous les dix ans. Les hommes politiques sont dépourvus de talent amoureux. Ils n’aiment personne ! Ceux qui déclarent leur flamme aux politiciens ne mentent pas comme un arracheur de dents. Non ! Ils pensent bêtement paraître ou apparaître dans la personne des personnages médiatiques. Malheureusement pour eux, ces hommes ne sont pas transparents, ils sont opaques. On n’y voit rien !
Que mille bombes atomiques tombent sur le Sénégal, il restera la vérité. Je ne pousserai pas le cynisme  jusqu’à dire que « seule la littérature compte»  à la manière du japonais Yasunari Kawabata. Il n’ya aucune tyrannie de l’actualité, elle décrit simplement la courbe dégradante de notre paresse maladive. La tragédie de l’époque démocratique est la paresse incurable. Le refus du regard oblique Nietzschéen du soupçon et du doute. Non pas de ce faible doute cartésien mais de la  vérité qui tue. Mais la démocratie n’est pas la tragédie, elle est incapable « d’épouser une grande querelle» à la manière shakespearienne. Une grande tragédie sinon quelques drames bénins ne feraient pas de mal. Le problème du Sénégal c’est que l’on ne sait pas soutenir de grandes querelles depuis longtemps, depuis Faidherbe et Lat Dior deux parmi les grands hommes politiques du Sénégal moderne. Il s’est passé des actes héroïques autour du PAI et chez le Pharaon Cheikh Anta qui deviendra bientôt l’objet de culte marchand  si les dignes héritiers ne dressent pas les oreilles. 

C’est curieux ! J’envie les hommes comme Achille Mbembe qui n’ont jamais voté de leur vie. Ils ne rendront pas compte le jour où les regards seront figés et les comptes soldés. Le temps de la  « grève morale » est advenu. Il faudra à partir de nos réserves de vie recréer une violence symbolique qui surprendra l’élite cannibale. Elle lâchera la viande au croc. Il est temps de revoir l’œuvre de toute une vie de Franz Fanon : Vider les stades, raser les arènes, remplir les champs qui nous feront vivre, les amphithéâtres qui s’occuperont de notre ignorance, les laboratoires qui tueront notre paresse intellectuelle, les théâtres qui mettront en scène nos turpitudes et nos bassesses, et les cinémas qui diffuseront nos symboles. Alors le pays bougera peut-être puisqu’il faut que « le monde aille quelque part. »

Khalifa Touré
sidimohamedkhalifa72@mail.com