Ô grand esprit
magnifique ! Es-tu celui qui était là lorsque rien n’était… Sauf la face
Sublime de l’Etre Suprême.
Ton odyssée à travers les corps, les âges, les époques, les
climats et les saisons nous reste inconnue aujourd’hui tombée
dans les abysses de l’insondable Mystère. L’Homme cet inconnu ! Tu es encore
parti pour toujours noyé dans la totalité de l’humanité ultime. Comme le
général à la crosse d’ivoire Patton le
preux chevalier tombé après la guerre, l’âme ne soutenant plus la vie monotone
de cette paix factice :
A travers
l’enfantement des siècles
Au milieu des pompes
Et des vicissitudes
de la guerre
Je me suis battu
J’ai lutté
désespérément
Et mon sang a coulé
des milliers de fois sous les étoiles
Comme tout au long
d’une route éternelle
De voir cette lutte
immémoriale.
J’ai combattu sous
bien des noms
Sous bien des
costumes.
Mais c’était toujours
moi. »
Enfin pour toi mais hélas pour nous ! Reviendras-tu imparfait,
insatiable et soucieux, sous d’autres formes ? A l’orée du Sahel, dans
cette ambiance crépusculaire, l’esprit fatigué par les allées et retours
incessants s’est enfin libéré des velléités de la corporéité. Libre enfin de
toute attraction, dansant allégrement, trépignant vigoureusement, gambadant à
souhait, bondissant à jamais et chantant gaiement le Nom Inconnu. Cent vingt neuf mots (129) de l’Attribut
de la Subtilité ( Ya Latif) pour dire notre tétanisation devant l’événement
comme Mansour Halladj l’incompris devant la Kaaba, pendant longtemps. A
l’image de Samy Davis Junior le génial nègre danseur que tu as chanté en l’un
de tes poèmes mystiques lui intimant l’ordre de claquer les talons en l’honneur
des houris femmes du Paradis.
Qui se souvient de
cet inconnu, Apôtre magnifique de Jésus fils de Marie ? Disparu
pour de bon, ô esprit divin tu as tenu l’outre pleine d’eau
auprès de l’homme qui a marché sur l’eau par la volonté du Nom Suprême. Tu
étais là bien avant les siècles derniers comme Souheyl Abdoulahi Toustéri qui dit se
souvenir de Yawma Alastou le grand jour où toutes les âmes ont acquiescé. Ta
fascination pour Issa Ibn Mariam, le Souffle de Dieu, a valu à Aldo Moro
prince-martyr d’Italie le secours possible du prophète Muhammad Le Paraclet, Paix
Bénédiction et Salut à son âme pure.
Ô grand esprit ! Pourquoi tant de tourbillon de la
pensée ? La déroute des faibles d’esprit t’a valu bien des reproches. Le
coq à l’âne des sottes gens parmi les hommes est une symétrie du langage
mystique dans ton vocabulaire qui défie la pesanteur pour entrer dans
l’abstraction. Tu as défié l’intelligibilité de façade par la Mahrifa, la métaphysique
et la cinquième dimension. Sorti de l’ombre de la retraite et de l’incubation mystique
tu
nous libéré du Nassoute entrainé, exercé, accoutumé au Lahout, au Djabarout, au
Malakout et même au Haahout. Ceux qui doutent de la science de Barhama, Abdessalam
Yassine, Djeylani et Tidiany seront privés de Mahrouf Keurhi l’ancien. Par toi nous sommes habitués à l’au-delà, le côté
caché des choses, l’esprit universel
mais surtout le ZIKR cette voix de l’univers. Quelle est cette voix inaudible qui susurre à
notre oreille la gravité des choses et
des êtres ? Quelle est cette voix
qui nous dit qu’elle est la voix d’une autre voie plus haute que la voix d’Oumm
Kalthoum ? C’est le ZiKR. Il ya
autant de voies que de pèlerins.
Ô grand esprit tu as parlé à travers Siisa le fils d’Adam, Idriss
Enoch Eukhnoukh Kheunoukh le céleste homme aux noms multiples, Ouzeyr le
sauveur de la Thora, Socrate le monothéiste, Bouddha le Sage, Platon le
détenteur du Nom Caché, Galileo Galilei le vertigineux, Hegel le phénomène de
l’Esprit, Nietzche le parfait inconnu qui cherchait, Ibn Arabi le réceptacle
des mystères , Jalal Ad Din Rumi le mystique atomiste, Léonard Da Vinci le
rêveur du grand œuvre, Saint-Augustin la voix du ciel, Fiodor Dostoïevski le
mystique en transe , Victor Hugo le fantastique sondeur de l’âme, Shakespeare la
parole mise en scène et… Al Maktoum le Cacheté.
La politique t’a valu cette étrange après-midi ô toi esprit
policé dès l’origine que nul polissage profane ne peut atteindre. A l’heure des
oraisons mystiques, ta poignée de sable aux grains à la puissance de l’atome
voulut exploser sur les ennemis de la Solidarité Sénégalaise envoyés par un
poète désemparé qui hante un palais improbable. C’est connu ! le secret de
la fission de l’atome est révélé dans le laboratoire des mystères depuis Rumi
au 13eme siècle. Alhamdou lillAh Dieu
Soit loué, finalement la volonté n’a pas voulu. Ah ! la volonté, ce feux étrange qui
consume jusqu’à l’extinction entre les mains du père Aboul Hassan Shazaly le
Maitre du maitre de Boussayri le chantre de Muhammad qui ta valu Fa ileyka Yaabna Mouhammadine Naadaanii.
Tu as parlé, parlé,
parlé jusqu’à l’extinction de la voix dans la parole elle-même. C’est alors
que la parole s’est faite homme, assise sur le promontoire de la vie, jetant un
regard crépusculaire vers l’horizon infini, le bras levé comme un orant nous
désignant le monde des formes éternelles.
Dans notre illumination nous n’avons vu que le doigt au lieu de la lune de la
Vérité. Habitués aux noms, aux déterminants et aux qualificatifs nous avons
oublié que le soufisme est une essence sans nom. Ne sont grands parmi les
poètes que les esprits qui possèdent une parole haute qui se moque du firmament
bravant les lignes de la vie. Qui l’eut
cru Serigne Cheikh Tidiane Sy ambassadeur présentant lettres de créances un
lionceau en laisse ? Jamais homme n’a vu une métaphore aussi rugissante sur
les bords fertiles du Nil, un lion tenant un lion devant le lion de la Nation
arabe. L’esprit omniprésent était là surveillant la mise en scène qui échappa alors
au monde profane par une opération du Saint esprit. Il parti se loger dans les mystères véridiques
anciens à l’ombre des corps momifiés de Narmer,
Touthmôsis et Toutankhamon. Ô !
grand esprit tu nous as appris l’étonnement de l’âme devant ce corps qui refuse
de pourrir dans la décomposition refusant
la poussière. C’est alors que le corps de l’homme éternua dans le tombeau
recevant le ZiKR, le rappel du néant originel, brusquement il se décomposa
provoquant la tranquillité, un ouf de soulagement dans l’âme. Ce fut ta manière terrifiante de parler de la mort.
Pendant 13 longues
années de retraite que de fantasmes développés à ton sujet démentis par une
sortie souventes fois annoncée par de courtes missives à la tonalité
nietzschéenne : « Un homme d’honneur doit toujours refuser d’être
réveillé par un clairon ».
Finalement le souverain longiligne et haineux toute jalousie bue, recula
après la terreur socialiste. Ah !
le conflit, l’effroyable confrontation ! Révélée à nous par l’oniromancie
de Joseph Fils de Jacob il s’en est fallu de peu que le PARC A MAZOUT devienne
le 16 Février lorsqu’un « quidam » appela à la marche selon la
version d’un futur souverain au crâne tondu. Puis ce fut la salle de l’Unité Africaine où
l’Unicité de Dieu se déploya jusqu’au
Pont Faidherbe entre les eaux salées et l’eau douce de Saint-Louis le pieux
souverain. Le fils de Shamharouss était là salué par ta générosité. Alors ce fut à Tivaouane d’accueillir
l’esprit héliporté provoquant des scènes regrettables pour toi le disciple de
l’inconnu Maodo ton seul Maitre que le grand Babacar Sy t’a offert.
Et puis ensuite
vinrent les cinq années
de retraite califale. Serigne Cheikh ou le califat mode d’emploi. Mode de vie,
le vicariat fut toujours là présent depuis Adam, depuis David depuis Abou
Bakr le véridique compagnon: Inni Djahiloune Fil ardi Khalifa. La mort,
l’au-delà du bas monde, la métaphysique, les seuls thèmes depuis que l’esprit
est sorti. Personne n’y a prêté attention ! Ton évocation de la
Sierra-Léone, de Mobutu Sese Seko kuku Ngbendu Waza Banga et sa probable mosquée et les
« Afaarid » qui sont les Djinns les plus maléfiques, ont maintenu
dans l’effroi plus d’un initié. Mais certains parmi eux connaissent les liens
avec le Sénégal de Bour Sine Koumba Ndoffene. Ils vivent longtemps dans le mal,
migrant de lieux en lieux, de souverains en souverains, d’époques en époques
ces créatures immondes. L’esprit nous a averti ! Jusque dans la mort il
n’a cessé de nous étonner. Il a choisi de reposer en ce lieu jadis stigmatisé
par les croyances ancestrales du Cayor. Stupéfait par l’événement aucun
Tivaouanois n’y a prêté oreille. La leçon est dite, le Maitre a parlé !
Trois cents cinquante
mille ans auront suffit à l’homme-esprit de s’éteindre définitivement dans l’être ultime. Reposes en Paix Serigne
Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum! Que ton âme vogue gaiement dans l’immensité
profonde en compagnie des prophètes, des saints, des véridiques et des
martyrs !
Khalifa Touré/Critique
littéraire
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