« La folie est
quelque chose de rare chez l’individu, elle est la règle pour les groupes, les
partis, les peuples, les époques. » Friedrich Nietzsche
Il est à croire que la démocratie est devenue la partie
honteuse de l’homme contemporain. Elle pousse les plus lucides à des envies de
« remonter les bretelles » à tout le monde. Tous ceux qui détestent
la grandeur, les bonnes manières et la tenue hiératique s’en donnent à cœur joie.
Ils déversent leur fiel pourri d’ignorance sur les survivances aristocratiques.
La vertu n’existe qu’en pointillé sur le voile déjà embruni de notre existence
douteuse et par conséquent précaire. J’entends les psychopathes qui s’ignorent,
chanter les louanges de Yaya Jammeh comme s’il était concerné par le sujet. Les
aristocrates n’ont jamais tué personne, leurs opposants ne meurent pas en
prison, ils ont laissé le sale boulot aux monarques d’autrefois et aux « roitelets » d’aujourd’hui.
Les droits de l’hommistes sans vergogne se sont noyés dans les lois du marché occidental de l’anti-peine-de-mort et
la défense des minorités sexuelles. Les naïfs électeurs qui s’entêtent à voter soi-disant par devoir
citoyen ou par routine, sont des maniaques qui s’ignorent. Ils sont complices
d’une organisation qui les écrase. L’esclave aime son maître, c’est
connu !
La démocratie ne construit pas mais elle conserve, consolide
et soutient l’édifice. Rien de grand ne s’est construit en période démocratique.
Les mouvements sociaux auront raison de nos Etats déjà fragiles qui ont besoin
d’être consolidés sous les coups de boutoir de la stratégie « occidentale »
de privatiser les Etats postcoloniaux. L’échec de l’Etat-Nation n’est que le
prétexte trouvé pour créer d’autres formes de gouvernement téléguidé. L’Etat-Nation
est une histoire politique occidentale après tout. Les jeunes africains en
colère justifiée face aux satrapies postcoloniales seront intellectuellement
soutenus, financés et défendus par un occident qui prépare « la solution
finale ». Alors la voie sera
ouverte à la dernière vague d’envahissement face à l’empire chinois, et enfin à
l’anéantissement de toute volonté chez les africains. Les sociétés civiles
africaines devraient élaborer un protocole de lutte de libération qui fera
payer très cher à l’occident toute velléité d’envahissement et d’ingérence.
Quant à ceux qui tombent facilement amoureux des agitateurs
politiques ils mourront de chagrin d’amour, pas forcément tous les dix ans. Les
hommes politiques sont dépourvus de talent amoureux. Ils n’aiment
personne ! Ceux qui déclarent leur flamme aux politiciens ne mentent pas
comme un arracheur de dents. Non ! Ils pensent bêtement paraître ou
apparaître dans la personne des personnages médiatiques. Malheureusement pour
eux, ces hommes ne sont pas transparents, ils sont opaques. On n’y voit rien !
Que mille bombes atomiques tombent sur le Sénégal, il
restera la vérité. Je ne pousserai pas le cynisme jusqu’à dire que « seule la littérature compte»
à la manière du japonais Yasunari
Kawabata. Il n’ya aucune tyrannie de l’actualité, elle décrit simplement la
courbe dégradante de notre paresse maladive. La tragédie de l’époque
démocratique est la paresse incurable. Le refus du regard oblique Nietzschéen
du soupçon et du doute. Non pas de ce faible doute cartésien mais de la vérité qui tue. Mais la démocratie n’est pas
la tragédie, elle est incapable « d’épouser une grande querelle» à la
manière shakespearienne. Une grande tragédie sinon quelques drames bénins ne
feraient pas de mal. Le problème du Sénégal c’est que l’on ne sait pas soutenir
de grandes querelles depuis longtemps, depuis Faidherbe et Lat Dior deux parmi
les grands hommes politiques du Sénégal moderne. Il s’est passé des actes
héroïques autour du PAI et chez le Pharaon Cheikh Anta qui deviendra bientôt
l’objet de culte marchand si les dignes
héritiers ne dressent pas les oreilles.
C’est curieux ! J’envie les hommes comme Achille Mbembe
qui n’ont jamais voté de leur vie. Ils ne rendront pas compte le jour où les
regards seront figés et les comptes soldés. Le temps de la « grève morale » est advenu. Il
faudra à partir de nos réserves de vie recréer une violence symbolique qui
surprendra l’élite cannibale. Elle lâchera la viande au croc. Il est temps de
revoir l’œuvre de toute une vie de Franz Fanon : Vider les stades, raser
les arènes, remplir les champs qui nous feront vivre, les amphithéâtres qui
s’occuperont de notre ignorance, les laboratoires qui tueront notre paresse
intellectuelle, les théâtres qui mettront en scène nos turpitudes et nos bassesses,
et les cinémas qui diffuseront nos symboles. Alors le pays bougera peut-être
puisqu’il faut que « le monde aille quelque part. »
Khalifa Touré
sidimohamedkhalifa72@mail.com