jeudi 31 mai 2018

« Un champion de jeûne » d’après Franz Kafka








« Nul ne pouvait savoir par suite d’un contrôle personnel si l’artiste avait vraiment jeûné impeccablement ; le jeûneur seul pouvait le savoir, il pouvait seul constituer devant son jeûne un spectateur parfaitement satisfait »


Tels sont les mots justes de Franz Kafka dans ce récit de quelques pages comme il en a l’art. Mais ce n’est pas la justesse que l’auteur cherche mais la possibilité, la vraisemblance. Il n’ya que Franz Kafka pour nous réussir cette parade d’une subtilité sans comparaison possible dans les annales de la connaissance des choses cachées. La littérature est une parade sibylline qui tente de faire admettre des réalités inconcevables. De quoi s’agit-il dans « Un Champion de jeûne » ? Il s’agit d’un spectacle, tout un pays qui vient « admirer » un jeûneur exceptionnel qui vit dans une cage. Une « allégorie » kafkaïenne et anticipée sur ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui l’addiction aux plaisirs éphémères du spectacle dans les sociétés de consommation. Mais «  Il était le seul, en effet, à savoir, et nul initié ne s’en doutait, comme le jeûne était facile » écrit-il. Le jeûne est donc du monde de l’intériorité, une autre réalité.



Je n’ai jamais compris comment Franz Kafka est devenu Kafka tout court, l’écrivain absolu, le plus étrange et le plus décalé des écrivains de l’époque moderne. Depuis Kafka il n’ya pas eu de Kafka, même pas l’ombre d’un Kafka. Kafka c’est l’écrivain fait homme. C’est la solitude dans l’art, le génie et le talent à l’état pur. Franz Kafka est le plus influent des artistes modernes. Le soleil zénithal de Kafka a irradié tous les arts qui ont gravité dans son orbite. Il a ouvert tout un monde pour les « arts modernes », un monde qui reste à être exploré. L’univers Kafkaïen ne nous a pas jusqu’ici révélé tous ses secrets. Les hommes de culture se souviennent de cette scène où Orson Welles, le génie du cinéma, riait à gorge déployée rien qu’en pensant à son projet d’adaptation cinématographique du livre le plus connu de Kafka : LE PROCÈS.

Tout pour dire que l’influence kafkaïenne va de la littérature à la philosophie en passant par la peinture, le théâtre, le cinéma et même la musique. Quand je pense qu’un critique avisé a dit que le dernier de la classe de Franz Kafka, c’est le grand Albert Camus et que l’immense Samuel Beckett serait à la tête de cette longue liste d’écrivains sous influence Kafkaïenne. Si vous lisez « En attendant Godot » de Beckett vous serez définitivement convaincus que s’il est vrai que Kafka est le maître de Beckett il doit être certainement un écrivain hors de portée. Jean Paul Sartre, William Faulkner, Alberto Moravia, Alexander Soljenitsyne pour ne citer que quelques penseurs majeurs ont été illuminés par l’écrivain le plus singulier du 20ème siècle.

« J’écris pour faire un bond hors du rang des meurtriers » a-t-il dit. Phrase énigmatique mais juste qui résume l’esthétique et le projet littéraire de Kafka. Il a fait œuvre de prophétie en créant un univers concentrationnaire avant l’apparition de la grande barbarie en Europe. Son influence sur l’œuvre de George Orwell, l’auteur de « 1984 » est hallucinant. Kafka n’est ni un auteur de science fiction ou un futuriste farfelu, ce fut un grand visionnaire, un mage, un grand penseur de la liberté. Kafka est de ces voyants qui sonnent l’alerte à la vieille des grandes folies collectives. C’est le maitre des univers clos, le meilleur situationniste possible en littérature. Son réalisme fantastique nous plonge dans une métaphysique vertigineuse. Chez Kafka le fantastique est clôturé par le réel. Voilà sa grande invention. EUREKA ! Aucun écrivain ne l’a fait avant lui.

Lorsque Grégoire Samsa se réveille et se rend compte qu’il s’est transformé en une bête immonde, cette métamorphose qui est la plus géniale des transmutations artistiques quelque étrange que cela puisse nous paraître, a une signification d’une telle portée morale que la suite de l’histoire nous renvoie à notre propre inhumanité.

Et si l’on se réveillait un jour dans la peau d’un tueur en série ou d’un criminel de guerre ? Et si un homme riche se réveillait un jour dans la peau d’un pauvre quelle serait l’attitude de son entourage, ses proches ? Questions effrayantes qui nous glacent le sang. Autant de sujets graves qui foisonnent dans les œuvres de Kafka : LE PROCES, METAMORPHOSE ET AUTRES RECITS, LE CHATEAU, L’AMERIQUE, LA COLONIE PENITENTIERE ET AUTRES RECITS, LA MURAILLE DE CHINE ETC. Il est le dernier grand écrivain dont le nom est l’objet d’une construction adjectivale courante : kafkaïen.

Considéré comme « un écrivain Tchèque de langue allemande », né à Prague en 1883 et il est décédé en 1924 à Kierling non loin de Vienne en Autriche.


Khalifa Touré








 







jeudi 10 mai 2018

Géopolitique de la mort : Des Bombes d’hier au gaz d’aujourd’hui







Depuis l’invention de la poudre  explosive par l'alchimiste chinois Sun Simiao il y a des milliers d’années les hommes continuent de jouer à leur sport favori : le jeu de la mort. Il ya de quoi s’étonner que les hommes oublient que la guerre est devenue un art depuis il ya très longtemps bien avant « De la guerre » de Claus Von Clausewitz le Prussien. Un texte rangé depuis lors parmi les classiques de l’Art de la guerre enseignés dans beaucoup d’écoles de guerre encore aujourd’hui. Il est curieux pour les non encore initiés que la poudre explosive résulte d’un « hasard » d’ordre  alchimique. Mais sachez que «  Al Kimya-u » est la dimension mystique de la science au-delà des préjugés farfelus. La « vérité vraie »est que Al Kimya-u( Al Chimie) est une manifestation, une partie de la connaissance de Dieu. Plusieurs mantras mènent au travail intérieur qui aboutit à la possibilité de réaliser des choses impossibles pour le commun des mortels.

Mais selon les caprices du destin, derrière la grande muraille de Chine les boules noires explosives ont décimé des envahisseurs aujourd’hui inconnus. Il ya mille et une légendes sur la question, une invention d’un génie terrifiant qui n'était pas destiné à tuer. La guerre arrive quand la colère s’empare du fer et du feu. Le fer est d’une substance ultra-terrestre. Il n’existe pas sur cette terre suffisamment d’énergie pour « fabriquer » » un atome de fer. Voilà l’origine terrifiante de la guerre. Israël et l’Iran doivent faire gaffe aujourd’hui qu’ils se touchent mortellement en Syrie avec le Golan comme prétexte.  En tous les cas, le génie de la guerre et de la défense de l’espèce humaine s’est organisé contre les hommes et les démons, qu’ils soient humains ou autres pour préserver le savoir de conservation et de mutation fut-il défensivement mortel. Entre la mort et la vie, il n’ya qu’un cloison, une mince pellicule lumineuse. La mort est l’origine de la vie, fut-elle mystérieuse.

 Les grands généraux d’aujourd’hui, stratèges retors et discrets ont des références très anciennes quand il s’agit de l’art de donner la mort. Le général américain George Patton ne tarissait pas d’éloges sur les prouesses et le génie militaire des romains et des grecs, de Jules César et d’Alexandre le grand.  Pour défendre Moscou contre les hordes nazis, les généraux communistes Joukov et autres ont fait  appel à la mémoire du grand Koutouzov le royaliste à la tête de l’armée russe face à la meute napoléonienne. Ici, en Afrique du soleil couchant, de terribles meneurs d’hommes ont guerroyé fusils, arcs, flèches, gris-gris et amulettes en bandoulière. Ce furent les preux Meissa Boury Déguène Dieng du Kajoor et Thieyacine du Bawol. En pays mandingue le chef de Guerre Bakary Dian s’est débarrassé  du terrifiant Bilizy à une époque antérieure à Fakoly Koroma Fakoly Daaba de la bataille de Kirina en 1235. Le légendaire Ibrahima Ngourary est encore chanté chez les Peulh…

L’histoire des hommes est une histoire de « l’art de s’entretuer ». Il ya eu de courtes périodes exceptionnelles de paix mondiale, souvent pas plus de soixante dix ans.  La vie sur terre est devenue un grand art de la survie depuis l’époque moderne avec l’apparition des armes à feu qui ont décimé les indiens, les bombes qui ont terrorisé le monde entier surtout les populations autochtones en période coloniale.  « Etant donné que nous ne pouvons pas ne pas nous entretuer, faisons en sorte d’organiser la mise à mort, donnons lui des règles, inventons des conventions de Genève pour donner l’impression de toujours appartenir à l’Humanité. » Voilà « la formule chimique du bonheur » à la manière de Boris Cyrulnik le psychiatre, l’énoncé en une formule cynique de la résilience la plus réaliste.  Une chose est sûre les hommes savent qu’ils marchent vers la mort, d’où les tentatives parfois hypocrites d’organiser une paix factice. Il n’ya pas  de camp de la paix par-ci et de camp de la mort par-là.  Le monde se souvient encore aujourd’hui du bombardement de Dresde entre les 13 et 15 février 1945 par les armées Britannique et américaine. La ville allemande fut complètement rasée  et les populations civiles brulées au phosphore. Au Vietnam la Napalm américain a fait des dégâts que personne ne peut mesurer.

C’est alors qu’apparut le gaz mortel de la guerre entre les hommes. Ce fut le 22 Avril 1915(pour ce que l’en en sait). L’armée d’Adolf Hitler utilisa pour la première fois le gaz contre l’ennemi au nord d’Ypres en Belgique. La première guerre mondiale, cette grande boucherie humaine qui verra l’entrée en jeu des machines à tuer. Les armes dites conventionnelles sont aussi des armes de destruction massive à une certaine échelle, tout est question de temps et de psychologie. Le gaz tant décrié en Syrie et qui a provoqué une indignation sélective porte en ses substances mortelles le souvenir douloureux de l’hitlérisme, voilà tout ! Bachar Al Assad a fait plus de morts avant tous ces miasmes mortels,  et avant lui son père Hafez El Assad. Lorsque ce dernier  a décimé des milliers de populations soit-disant favorables aux frères musulmans, qui l’a condamné ? Qui a donné à Saddam Hussein ce gaz meurtrier qui a envahi Halabja lors de la première guerre du Golf ? Il fallait pour l’Occident et son allié saoudien détruire la Révolution Iranienne et le chi’isme à travers la guerre la plus longue du XXème siècle. Le Kurdistan en a fait les frais. Aujourd’hui ces mêmes fabricants de gaz mortel qui ont encouragé le gazage des populations Kurdes prétendent aujourd’hui sauver le Kurdistan dans le but secret d’affaiblir la Turquie, l’Iran et la Syrie. Ensuite ils vont prendre le Kurdistan. Il ya du pétrole mais surtout du gaz, un autre gaz non pas mortel mais celui-là  fait vivre l’économie.  Ah que la géopolitique de la mort est complexe !

Khalifa Touré



vendredi 4 mai 2018

SEUL DIEU SAIT !

 
 
A chacun sa petite querelle de chapelle ! Au moment où l’on demande aux hommes politiques sénégalais de chercher des parrains comme s’ils n’avaient pas de pères, la terre continue à tourner autour d’elle-même et autour du Soleil, « le grand astre ». Il ya plus de changement et de révolution dans la nature que dans la culture, surtout politique, lorsque les faux changements se hérissent en tissu de velours et la révolution fleurit en œillets pour bien finir par se faner. Notre culture de la manigance flagrante finira en eau de boudin. Son odeur faisandée ne sera que l’expression olfactive de la putréfaction de la vertu qui s’en va. Ils ont tous oublié que la nation n’a pas de père sinon un père inconnu, mais les hommes, les personnes, les individus et les organisations ont toujours des pères. L’Etat a un père lointain et connu, cela suffit pour exister culturellement et politiquement. Mais qui va frapper le premier ? Le temps du conflit est arrivé. Beaucoup passeront l’arme à gauche après avoir dégainé tardivement. Beaucoup de politiciens du Bien comme du Mal avaleront leur bulletin de naissance. Les plus chanceux seront recyclés dans le « Royaume des ombres », ils reviendront très utiles, en cancrelats nettoyeurs dans les fosses sceptiques de la vie. Tout cela n’empêchera pas la Casamance d’être verte, le vent de l’harmattan souffler et les mamelles de Ngor rappeler la mère nourricière.

Que valent nos vies humaines polluées par la cacophonie politique et le brouillamini d’une fausse musique qui n’élève pas l’âme. L’âme d’un musicien vient de nous quitter, il jouait grave et bas histoire de nous rappeler la gravité et le blues de notre existence. Prions pour le molosse de la maison qui protègent nos ballades nocturnes. Il est des hommes qui n’ont jamais été chien dans une autre vie. Pourquoi la vie serait elle chienne sous la plume des écrivains lors même que l’ancêtre « Kilab » du dernier Prophète-Paraclet dirigeait une meute de chien ? Il n’ya vraiment jamais eu de grande querelle en ces derniers temps. La surpolitisation faussement intelligente offre à l’homme moderne un chic illusoire et mensonger, un maniérisme intellectuel sous des airs de savant surinformé. Mieux vaut être renseigné que d’être informé. Les politiques sont indignes de notre saine colère qui devrait aller à la civilisation humaine, à nos origines biologiques, au changement climatique, aux villes qui vont disparaitre, au SIDA, à la Syphilis qui a disparu et peut revenir. Que sera Saint-Louis du Sénégal, Rufisque et Dakar dans soixante dix ans ? La plaie  béante d’Égypte qui menace notre pays, le monde, la civilisation est la crise de l’Education et dans la crise de l’éducation l’absence de transmission. On demande maintenant aux enseignants de cesser d’être des maîtres ! Ce fut le début de quelque chose de très mauvais qui nous submerge aujourd’hui.

Les media et l’imbécilité contemporaine autrement dit la faiblesse morale et l’esclavage de la pensée uniforme auront fini par déplacer les pôles mystiques du monde. De nos jours les hommes prient dans la direction de l’actualité du monde tôt le matin sous forme de revues de presse. L’effacement des symboles traditionnels détruira le monde. Il n’ya de sacré que dans les symboles. Revenons aux directions traditionnelles sans oublier le sort de l’Humanité. Un peu d’inactualité ne fait pas de mal. Ne serait-ce que matin et soir une tasse d’intemporalité . La plupart des religieux se vautrent dans le lit de la géopolitique sans spiritualité. Mais soyons réalistes avant la fin du cycle de la religion de l’actualité les hommes vont se faire la guerre peu ou prou. Mais qui va frapper le premier ? Personne ne sait en ce monde où les lignes sont fuyantes. Un brouillage axiologique vient de frapper le monde. Seul Dieu sait ! Mais Dieu n’a pas d’existence, Il est l’existence même, il Est ! Il est tellement visible qu’il est caché, d’où son inaccessibilité. Tout est là, le sort du monde, le but des hommes, le mouvement de la terre, les montagnes qui bougent, le grouillement effrayant du monde marin. Ceux qui tentent d’observer le monde politique et qui pensent avoir trouvé quelque chose selon une science préétablie, ont oublié que de tout temps ce sont « les têtes anciennes » qui dirigent ce monde, choisissent les rois et les reines, désignent les chefs d’Etat, imposent les dictateurs, les bons, les justes, les preux, les intrépides, les mous parmi les dirigeants de ce monde. Qui sait où ils se réunissent ? Se réunissent-ils vraiment ? Ils ont combien ? Sept ou neuf ? Les fripouilles d’hommes politiques sans foi ni loi les auraient mis à mort pour tenir définitivement la barque politique. Mais ils sont protégés par la puissante administration Karmique. Les dés sont jetés pour les hommes politiques. SEUL DIEU SAIT VRAIMENT !

Khalifa Touré