Qui l’eût cru, des saints musulmans grands maitres
spirituels venus du froid ! Quelle offense à Dieu que de penser ainsi.
Mais que faire ! Les hommes historiques sont ainsi faits, ils ne savent
que ce qu’ils voient et ne croient que ce qu’ils entendent dirent depuis
toujours. Le pourquoi serait même inélégant. Dieu est partout !
Ils sont partout ces âmes fortes qui savent de science
certaine ! Cachées dans ces enveloppes corporelles, ces carcasses humanoïdes
qui nous cachent tant de choses. Chaque
corps cache une âme, un grand secret. Dieu sait et par sa science d’autres
savent qui est qui. Parmi eux il y a le
grand René Guénon, l’un des plus grands intellectuels du XXème siècle,
« figure inclassable » dit-on mais ce que l’on peut retenir de lui
est ce qu’il est devenu par la suite, un grand maitre mystique qui a fini ses jours au Caire en 1951 en
prononçant « ALLAH » la
formule de la totalité, le nom aux quatre lettres de l’Etre Suprême, Lui qui Est :
L’ampleur ou même l’amplitude du rayonnement guénonien peut se mesurer à la
puissance des personnalités soufies et intellectuelles qu’il a influencées et
qui sont en quelque sorte ses disciples, si l’on peut dire. La plupart sont de
puissants intellectuels convertis à l’Islam soufi. Il s’agit de l’illustre
soufi saint musulman, maitre mystique, le roumain Michel Valsan ou Mustafâ 'Abd al-Azîz le fondateur de l’école
akbarienne du nom du grand maitre des maitres le cheikh Al Akbar Ibn Arabi Al Khatimi(). Michel Valsan est l’un des
plus éclatants exégètes et continuateurs de Guénon. Il a repris la découverte
guénonienne qui est une vérité immuable selon laquelle la doctrine
traditionnelle (qui est l’origine de tout) est une « boussole
infaillible », une « cuirasse impénétrable ». Tout cela justifie
des les mots de Charles-André Gilis : « L'enseignement de René Guénon est l'expression particulière,
révélée à l'Occident contemporain, d'une doctrine métaphysique et initiatique
qui est celle de la Vérité unique et universelle. Il est inséparable d'une
fonction sacrée, d'origine supra-individuelle, que Michel Vâlsan a définie
comme un « rappel suprême » des vérités détenues, de nos jours encore,
par l'Orient immuable, et comme une « convocation » ultime
comportant, pour le monde occidental, un avertissement et une promesse ainsi
que l'annonce de son « jugement ».
L’œuvre du grand maitre français René Guénon Alias ’Abd al-Wâhid Yahyâ est donc un rappel de nos origines traditionnelles
c'est-à-dire « divines », elle est parfois présentée comme une simple
critique de l’occident mais elle dépasse cette critique circonstanciée et géoculturelle.
C’est un rappel pour l’humanité !
Tous ceux qui ont parcouru le chemin et franchi les différentes étapes
connaissent par expérience que le grand rappel de notre vie depuis les origines
s’opère dès que l’aspirant arrive à la
source principale, le Tabernacle originel. C’est pourquoi René Guénon
s’évertuait à répondre aux critiques qui affirmaient qu’il n’exposait pas ses
sources, qu’il n’était pas obligé de toujours donner ses sources. Comment peut
on expliquer les sources les sources de la Baraka ? C’est le Sheikh Abder-Rahman
Elish El-Kebir de la tarîqa shâdhilite qui l’initia au soufi l'initia au soufisme et
l’élève au grade de Mouqaddam.
Sa définition de la tradition pour nous musulmans soufis
ouest-africains est étonnante de vérité : « ce à quoi s'applique le nom de tradition, c'est ce qui est en
somme, dans son fond même, sinon forcément dans son expression extérieure,
resté tel qu'il était à l'origine ; il s'agit donc bien là de quelque
chose qui a été transmis, pourrait-on dire, d'un état antérieur de l'humanité à
son état présent. (Aperçus sur l'initiation, p. 63). Nous
savons tous ici au Mali, en Mauritanie, au Sénégal, en Gambie, en Guinée, peut-être
plus qu’ailleurs que certaines choses se transmettent. Cette connaissance
universelle, métaphysique est la tradition définie par Guénon et transmise par
des cheikhs maitres spirituels authentiques. René Guénon a eu du mal à la faire
admettre à une grande masse européenne comme nos grands « marabouts »
maitres mystiques authentiques l’ont réussi. En vérité dans cet espace
géographique ouest-africain il ya beaucoup d’âmes qui « savent », des
initiés parfois qui s’ignorent. René Guénon s’est heurté au jugement dernier de
la raison occidentale animée par des philosophes non initiés presque ignorants
des états mystiques de l’être puisqu’ils
se suffisent des connaissances sclérosées
distillées dans les universités. Peut-on savoir quand on n’a pas goûté ?
C’est cette connaissance gustative de tous les mystiques soufis, quelque
religion qu’ils professent qui est hors
de portée de certaines approches universitaires. Mais certaines âmes ont
compris, comme celle de notre maitre Michel Valsan héritier de grands pôles du Soufisme : d'Abu-l-Hassan
ach-Châdhilî, d''Abdul-Qâdir
al-Jilânî, d'Ibn 'Arabî, et d'Abdu-l-Wâhid Yahyâ (René Guénon), le grand Muqaddam suisse fondateur
la tariqa Maryamiyyah Frithjof Schuon Alias Isâ Nûr ad-Dîn, son disciple et ami suisse,
le pérennialiste, le juif devenu soufi musulman Léo Chaya qui pris le nom S. Abdul Quddus, le belge Charles-André Gilis ou Abd ar-Razzâq Yahyâ, l’anglais
grand ammi de René Guénon et disciple de
Frithjof Schuon, Martin Lings
(Abu bakr Siraj Ad-Din)… Tous ces « grands chefs religieux »
comme on dit au Sénégal sont des « marabouts » européens, de grandes âmes
qui devraient guider les autres. Ils sont ainsi désignés depuis « yawma
alastou », le jour de la grande interrogation. Dans la suite de l’article seront exposées de façon succincte la vie et
l’œuvre de ces grands « marabouts » européens qui sont tous dans le
sillage de René Guénon ce grand esprit né le 15 novembre 1886 à Blois,
en France, et mort le 7 janvier 1951 au Caire. Son dernier mot fuit
« ALLAH !»
René Guénon auteur du
fameux « Les états multiples de l’être » est sans nul doute par sa
stature, la profondeur de sa pensée, sa grande humilité, son adhésion au
soufisme Shazalite, le maitre mystique le plus influent d’occident.
Cet Occident qu’il a
tout le temps mis en garde contre lui-même. René Guénon eut une influence
indélébile sur Mircea Eliade, Raymond
Queneau et André Breton.
Mais ses véritables
« disciples » presque tous convertis au soufisme musulman et tous initiés
à la science gnostique héritée des grands maitres soufis de l’Orient , Sidi
Abdoul Qadr Djeylani « Al Ghawss Samadani » le recours ultime, le
grand Qutb pôle mystique Aboul Hassan Shazaly et le maître des maitres
Mohiédine Ibn Arabî Al Khatami… Ce dernier a inspiré l’école akbarienne de
notre maitre l’Emir Abdel Kader d’Algérie qui a écrit « Le livre de Haltes »
que tous les aspirants devront lire, et
les autres dont Moustapha Abdel Aziz Michel Valsan le roumain qui comme Abdel
Kader bénéficia d’une expérience personnelle et unique de lien intérieur avec
le Cheikh Al Akbar Ibn Arabî. Dans un recueil regroupant une partie de ses
articles intitulé « L'Islam et la fonction de René Guénon » (Éditions
de l'Œuvre, Paris, 1984) ses principales idées sont exposées.
Sur ce plan René Guénon a raison de dire que cette vérité
ignorée par cet occident coupé de ses liens orientaux est transmissible, non par les modalités connues et fabriquées
par l’esprit occidental mais d’une transmission directe et interne. L’Initiation
traditionnelle c’est comme remplir une bouteille vide, c’est à force d’oraisons,
en venir à la charge ultime qui nous révèle à nous-mêmes et répond à la
question « qui sommes nous ? »
Victor Hugo cet initié
n’a-t-il pas dit « Je m’ignore ;
je suis pour moi-même voilé, DIEU seul sait qui je suis et comment je me nomme
», (Nous reviendrons sur le cas Victor Hugo). Le cheminement est une
multitude de dévoilements à l’issu duquel l’aspirant connait son véritable nom,
son moi mystique. La présence répétitive de l’esprit d’Abdel Qadir Djeylani au
moment de la mort de Michel Valsan est une expérience miraculeuse, une forme de
« théophanie incantatoire ».
Quant au maitre suisse fondateur la tariqa Maryamiyyah Frithjof Schuon Alias Isâ Nûr ad-Dîn, ce
grand Mouqaddam a grandement influencé Michel Valsan. Né le 18 juin 1907 à Bâle et mort le 5 mai 1998
à Bloomington
(Indiana), Frithjof Schuon
s’est inspiré de René Guénon dans sa quête métaphysique. Dès sa prime
jeunesse, ce petit génie, enfant précoce a très tôt « senti » la
vocation spirituelle. L’initiation était nécessaire pour lui. Il voulut se
rendre en Inde mais c’est vers l’Algérie que son âme se dirigea. Il s’initia à
la Tarîqa Shazaly auprès d’Ahmed Al Alawi. Il a dès lors compris qu’il faut un
maitre, mais un maitre authentique. A l’issu de sa tarbiya( « éducation de
l’âme) le Cheikh Alawi lui remis la Idjaza (Certificat) en ces
termes : « ... je l’ai
autorisé à répandre l’exhortation islamique chez les hommes de son peuple,
parmi les Européens, en transmettant la parole du tawhîd... »
Le juif devenu soufi musulman Léo Chaya pris le nom S.
Abdul Quddus. Ce grand ascète est
un ami et correspondant de Frithjof
Schuon. Il adhéra à la voie fondée par ce dernier. Il aborda le
soufisme sous l’angle du traditionalisme. Son appartenance à l’école
pérennialiste inspirée de René Guénon est connue de tous, elle est devenue même
une pièce d’identité. L’âme est appelée à
l’initiation aux vérités traditionnelles et immémoriales qui ont fondé
la création du monde. Ce n’est pas un vulgaire
retour aux sources mais un retour à soi, un retour à Dieu. Ce n’est pas
pour rien qu’il a écrit : « La
Création en Dieu : à la lumière du judai͏̈sme, du christianisme et de
l'islam ».
Enfin le grand « Marabout » anglais Martin Lings
(Abu bakr Siraj Ad-Din), ce saint homme au visage rayonnant, à l’habit
oriental, à la barbe fournie. Inspiré toujours par René Guénon cet éminent
professeur et intellectuel anglais se rendit au Caire et se convertit à l’Islam
Soufie. Sa biographie du prophète Mohamed(PSL) publiée en 1983 est une
référence mondiale. Sa thèse de doctorat
sur le soufi algérien
Ahmad
al-Alawi est aujourd’hui intournable. Tous ces preux chevaliers
venus du froid, harnachés de science gnostique sont tous des esprits supérieurs
qui ont sauvé tant d’âmes. Paix et
bénédiction sur eux !
Khalifa Touré