samedi 24 février 2018

LA GUERRE NUCLEAIRE AURA-T-ELLE LIEU?



« Vous n’avez encore rien vu ! » fut la dernière  grande sortie  d’Alain Resnais, le cinéaste nonagénaire décédé le 1er Mars  2014 ; c’est la « fin » d’une longue carrière pour le dernier grand cinéaste parmi les anciens. Mais « Vous n’avez encore rien vu » au cinéma, fut d’abord « Nuit et brouillard » en 1956, une décennie après la deuxième grande guerre mondiale, le film-document le plus sombre, le plus effrayant et le plus sulfureux sur les camps de concentration. Un film d’une sobriété et d’une pudeur glaciale. 

    C’est comme si le vieillard boitillant aujourd’hui  nous disait déjà  « Vous n’avez encore rien vu » malgré cette atmosphère glauque et l’horreur glaciale fabriquée par la main de l’homme. Que de sang humain versé sur cette terre souillée par la haine et l’insouciance. La guerre nucléaire aura bel et bien lieu ! Auparavant Carl Gustav Jung, vit dans ses voyages oniriques, un fleuve de sang dévastant l’Europe, ce fut la première guerre mondiale en 1914, la première grande guerre des machines et du gaz tuant et étouffant les êtres humains dans les tranchées. Plus de 10 millions de morts et  20 millions de blessés. Mais « Vous n’aurez encore rien vu ». Il y aura la deuxième grande guerre, les deux bombes atomiques, la guerre du Vietnam, la guerre des Malouines, la guerre de  Corée, la guerre Iran-Irak, l’invasion de l’Afghanistan par l’Urss.   

On oublie que ces soixante dix dernières années sont une intermittence dans le conflit généralisé, une courte période pacifique où il n’ya pas de conflagration mondiale comme ce fut le cas en 1914 et en 1939.  « Vous n’avez encore rien vu », la guerre Iran-Irak, l’opération tempête du désert, les génocides dans les Balkans et au Rwanda, le brutal  conflit en Syrie, la disparition de la Somalie, de la Lybie et du Nord Mali ne sont que des escarmouches, « Vous n’avez encore rien vu », la guerre nucléaire aura lieu. Les hommes cherchent la destruction des Etats-nations, tous les groupements politiques et les mouvements de la société civile  qui agissent contre les Etats seront soutenus, entretenus, financés. Non contents d’aiguillonner des jeunes inconscients qui se disent activistes démocrates oubliant que la démocratie a été inventée par l’élite bourgeoise, des escarmouches terrifiantes et mortelles sont en cours qui finiront par une grande destruction de la civilisation actuelle et ce sera l’affaissement l’universalisme occidental qui a cherché à se mondialiser depuis la sortie du moyen âge jusqu’à nos jours, en passant par la Renaissance et la révolution industrielle. La fin de la suprématie de la matière ?

Les hommes futurs, les plus résistants et les plus chanceux, ceux qui seront admis à l’académie futuriste, ces mutants d’une nouvelle génération porteront les germes de la continuité et  de l’éternité. Ils auront pour mission de construire ce futur improbable pour nous. Mais nous passerons par la purification volontaire, une grande destruction que nous auront provoquée. Les cultures, toutes les cultures assujetties à la machine seront « vitrifiées ». Il va falloir apprendre à monter à cheval comme l’Emir Abdelkader et tirer à l’arc. La science de la balistique sera toujours nécessaire. Ce ne sera pas une régression technologique mais une remise des pendules à l’heure, un retour aux fondements spirituels. Il va falloir apprendre ces grands gestes de survie, l’avenir est donc dans l’éducation.  Mais qui va éduquer nos enfants ? Les hommes ou les femmes ?  La guerre nucléaire aura lieu, « vous n’avez encore rien vu ». 

Arriveront par la suite de grandes alliances improbables  qui vont configurer partiellement le futur de l’espèce humaine. Le choc des civilisations n’aura pas lieu. Il y aura certainement une grande coalition des philosophies traditionnelles religieuses et sectaires, une fraternité divine entre l’Islam et le christianisme orthodoxe et les confréries mystiques et laïques. Ils vont se retrouver dans les secrets de la vie et de la mort, la connaissance de Dieu et l’origine de toutes choses. Ils vont tenter de remembrer le monde par les formules traditionnelles qui solidifient toutes les formes d’édifice. Ce sera une grande alliance byzantine, une communauté de foi œcuménique. Le centre occidental du monde essayera de retrouver une sorte de « pérennialisme » traditionnaliste tardif  que  les grands éveillés ont voulu réaliser au XXème siècle à travers le grand maître René Guénon et ses continuateurs le savant roumain Michel Valsan fondateur des études « Akbarienne » en Occident et  le métaphysicien Suisse le grand cheikh Frithjof Schuon « Moqadem » dans la voie Shazaly  , le savant anglais Martin Lings, l’écrivain Jean-Louis Michon, le savant juif Léo Schaya, le philosophe Titus Burckhardt,  l’écrivain suédois  Tage Lindbom, tous convertis au soufisme musulman. En toute fin Il ya un commencement selon la loi de la conservation et du mouvement. 

Même un savant non spiritualiste a vu les choses telles qu’elles sont :  « Ce que je constate : ce sont les rivages actuelles ; c’est la disparition  effrayante des espèces vivantes, qu’elles soient végétales ou animales ; et le même fait de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne- si je puis dire- et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n’est pas un monde que j’aime »  a dit Claude Lévy Strauss. Il nous a quitté le trente octobre 2009  à Paris à l’âge de cent ans.  Tristes tropiques !
Le processus, le début de la fin d’un cycle, d’une longue période peut prendre un, deux, trois siècles ou encore plus. Nous n’avons pas la psychologie des grandes périodes malgré le succès universitaire des approches braudeliennes en histoire. Le temps des grandes choses est toujours long sauf les événements, ces cassures, les puissants jaillissements que l’on ne comprend pas comme l’apparition de Jésus et la fin de Rome. Mais les sachants ont toujours  su, de science certaine, que ce savoir a été donné par le créateur au premier Adam qui l’a transmis à ses enfants Abel, Siasia et  puis ensuite Enoch et Mathusalem jusqu’à Noé ainsi de suite.
  Le monde ne porte pas en lui-même la destruction, le suicide n’est pas inscrit dans nos gênes, l’auto-flagellation n’est pas phylogénétique, tous ces cataclysmes de la main experte de l’homme sont des travaux naturels de « la cuisine interne » de l’humanité. L’homme est un processus, un être en cours, c’est incompréhensible, inadmissible et vertigineux mais les choses sont ainsi faites. L’âme humaine a volontairement choisi l’expérience terrestre, le grand laboratoire de la mutation, la voie de la perfection. La vérité est subtile mais elle est parfois grosse sans être grossière. Alors la guerre nucléaire aura lieu, elle mettra fin à l’arme nucléaire. 

Mais auparavant la culture sera « détruite » par la mercantilisation, le stupre, la luxure, la concupiscence et… l’émergence de la bête humaine, la flagornerie, flatterie de la vanité et de  l’âme animale qui est en nous. Les piètres musiciens,  les médiocres parmi les cancres au lieu de travailler, chercher et marcher vers l’inspiration préfèrent aller nuitamment s’agenouiller devant l’autel du serpent originel, le malin qui vit à l’intérieur et qui perd l’homme. Ils ont élu domicile dans le showbiz américain. Le grand talent de certains grands footballeurs, les as du Tennis et du Golf, les virtuoses du Basket, est volé par le diable qui les manipule, les possède et rend fous les supporters non-initiés qui ne comprennent rien. Les Ronaldo, Lionel Messi et l’ancien Zidane ne vous dirons jamais qu’ils suivent des voix et qu’ils savent à l’avance leurs exploits sur le terrain. Ils sont conquis et à travers eux la jeunesse mondiale par les « Afaarid » qui préparent la grande invasion. Mais le grand « Namouss » Gabriel l’Esprit saint à la tête des « Nawamiss » et pas seulement,  veille au grain. Il ya une guerre froide qui est en cours, une guerre mystérieuse  avant la guerre nucléaire. 

Regardez « Rampage: Président Down » du réalisateur allemand Uwe Böll chahuté injustement comme le plus mauvais cinéaste.  Dans ce film de 2016  les Rihanna, Jay Z, Beyoncé et d’autres stars sont exécutés à la fin par des actions d’épuration d’un fanatique du complot. Auparavant  Bill Williamson l’insurgé en question a assassiné le président des États-Unis, le Vice président et le ministre de la défense. Il n’ya que dans les œuvres cinématographiques où l’on peut se réfugier pour révéler certains désirs et fantasmes pour éviter la stigmatisation. La saga « Stars Wars » de George Lucas est un formidable repère d’information sur la cosmologie du monde, la métaphysique, les différents mondes, nous y reviendrons dans les jours à venir. Quelque chose de normal et terrifiant est en cours ! Mais au préalable les hommes vont prêter le flanc, ils vont échouer dans le processus d’évolution en créant des incidents de criticité dans le grand laboratoire de la création qui est notre vie sur cette terre. En fin de compte tout est bon, tout est juste, tout est positif dans notre évolution, même les catastrophes, du moins dans leurs finalités. Il y aura de grandes épurations. 

Il a fallu plus de deux mille pages au grand Léon Tolstoï pour en venir à dire que personne ne comprend la guerre. La raison en est que les raisons avancées pour expliquer les faits historiques comme les grandes guerres ne sont pas de bonnes raisons. Tolstoï en est venu à la fin de « Guerre et Paix » en des développements abstraits qui plongent littéralement dans la Métaphysique. Aujourd’hui les connaissances sont emprisonnées par la fatuité de l’actualité qui prône un réalisme résistant éperdument contre le côté caché du monde, là où résident les véritables causes des événements inexplicables. Toute chose est appelée à finir, mais la guerre nucléaire ne sonnera pas la fin du monde.

Khalifa Touré

 

lundi 19 février 2018

Cette vérité qui nous ridiculise tant !



   


Pauvres hommes véridiques qui nous font tantôt rire, parfois pleurer dans leur vieille robe de faux prophète des temps modernes. Voici que viennent les imprécateurs de l’ordre qui hennissent des vérités qui ne leur appartiennent pas.

 Je préfère mes propres mensonges aux vérités qui ne sont pas miennes, ces vérités que l’on ne fait que répéter sous notre pauvre bure faite de plumes de cacatoès. Le bavardage possède la vertu de nous faire haïr la parole inutile. On peut se repentir des mensonges personnels mais il est difficile de sortir de la prison des vérités de l’autre. Le monde contemporain a abandonné la construction personnelle. La « vérité » sort maintenant de la bouche des entrepreneurs de vérités médiatiques. Ils cherchent jusqu’à la posture masochiste du voleur qui s’accroupit douloureusement à la quête de l’objet à ratiboiser. La vérité a perdu sa fonction spirituelle, c’est  un « boubou » que l’on porte, une voix nasillarde que l’on tient, des yeux globuleux que l’on dilate pour convaincre, un index posé savamment sur la tempe histoire d’adopter une posture hiératique ou ressembler à vieux philosophe allemand. Le plus ridicule des hommes contemporains est celui qui a la réputation d’être un « homme véridique ». Il s’en va dans le frou-frou d’un boubou trop grand histoire de défier la bienséance des autres, contredire leur soi-disant attachement au bas monde, ils jouent savamment au rabat-joie comme s’ils n’ont jamais éprouvé de plaisir sur terre.  Leurs prochains dérapages verbaux  ne surprennent que les naïfs qui confondent la posture véridique à la vérité elle-même. Ils sont partout les comédiens de la vérité,  acteurs malhabiles d’une mauvaise mise en scène…de la vérité.  Un homme véridique n’est pas forcément un homme vrai !

Ils  sont partout et peuplent nos jours et nuits à copier et pirater la vérité elle-même pour la transformer en objet ou motif de plaisir personnel avant d’aller se la couler douce on ne sait où. Ceux qui ont eu le malheur de s’être fabriqué un manteau de vérité publique, une toge de diseur de vérités, sont des hommes dangereux qui mettent la conscience  des jeunes naïfs en danger. Une vaste entreprise du tape-à-l’œil, du voyez-moi-dire-la-vérité s’est bâtie sur les cendres de la vertu ancestrale. 
C’est alors que des réputations décennales se sont faites par une mise en scène savamment orchestrée. Finalement l’homme qui se prend pour un saint finit par croire qu’il l’est véritablement. La camisole de force de la vérité surfaite l’aura définitivement étranglé. Depuis quelques années, des hommes se forgent intelligemment une image publique de diseurs de vérité avec la complicité de la crise. Au nom de la supposée perte des valeurs, il s’est construit de dangereuses  réputations d’hommes purs, de personnalités à part. Sur l’autel de la crise existentielle s’est construit des programmes politiques, religieux, sociaux et économiques qui prétendent à la différence. Ils ne pourront jamais vous dire à partir d’où ils sont différents, et jusqu’où ils seront en colère.  Il serait intéressant de tracer une géographie de la colère post-coloniale comme l’a tenté le philosophe du sous-continent indien Arjun Appaduraï.  
  
Ayez pitié de ceux qui pensent qu’ils sont différents ! Personne n’aime la marge, même les poètes. Ils y sont parce que la lourdeur du message, des images et des symboles les enferrent là où ils sont. Le Sénégal attend vainement son poète national. Rien de grand ne s’est fait en dehors d’un cœur romantique. Mais les gens préfèrent la romance (dixit le poète Ibrahima Sall). Ce n’est pas la romance, les yeux énamourés, les gestes langoureux, les propos salaces sous couvert d’érotisme qui peuvent tenir lieu de romantisme. L’homme est né réaliste mais la vérité romantique c’est quelque chose qu’il cherche. Le romantisme est à la base de toutes les grandes constructions politiques et culturelles que l’on appelle développement aujourd’hui( je ne sais pas pourquoi), mais lorsque le romantisme s’est transformé en vérité dionysiaque il a ravagé des cultures entières par la guerre, la prédation, le vol, les viols, la rapine par l’esclavage, les colonisations, le règne de l’argent et de la force obscure de la matière.
Il yen a qui ont payé le prix, difficile de les citer ! Ils ne sont ni en prison ni sous les feux lâches d’un peloton d’exécution. Ce sont les philosophes tardifs dont les malveillants tentent d’assassiner la dignité. Ceux qui n’inspire pas la crainte ne seront jamais libres. Ils risquent de « passer par les armes », la plus cruelle des formules martiales qui défie la vérité. En ce monde il suffit de prendre les mots au collet en n’importe quelle langue du monde pour traquer cette vérité qui nous ridiculise tant !

Khalifa Touré
Sidimohamedkhalifa72@gmail.com