lundi 16 avril 2018

La coalition orthodoxe : Russie, Iran et Turquie


 

« Je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire. »  André Malraux

Est-il permis de croire autre chose qu’une simple coalition opportune et circonstancielle à fondements géostratégiques sur fond de guerre civile en Syrie ? En tout état de cause, ils l’ont fait, Vladimir Poutine de « la sainte et grande Russie », Hassan  Rohani de l’Iran anciennement et toujours persan mais  surtout plusieurs fois millénaire, Racep Tayyib Erdogan de la Turquie au passé impérial ottoman et non moins glorieux. Ils sont tous les trois à la tête de forces culturelles et civilisationnelles aux valeurs « conservatrices » qui viennent se heurter à l’universalisme finissant de l’Occident à la démocratie libérale. Assiste-t-on à la mort de l’Occident ? Non !!! L’Occident ne mourra pas, la mort n’existe pas pour de vrai. L’Occident et son universalisme vont se déplacer à la périphérie, ils auront une  existence rebelle et diffuse. Qui sait ?

Cette coalition n’est qu’un rappel de ce qui a été et qui sera un jour prochain, cette géostratégie spirituelle qui va se dessiner. Mais elle a la puissante faiblesse du nombre 3, l’instabilité du compagnonnage à trois. En Afrique on dit que les amitiés à trois sont vouées à la séparation. Robert Nester Marley dit Bob le poète-initié l’a compris en son triste chant « Three little Birds », ces trois petits oiseaux qui volent ensemble et qui vont se séparer…Les explications sont ailleurs souvent, mais on ne les voit pas. Il faudra une quatrième orthodoxie représentant les quatre grands mondes. Viendra t-il de l’Afrique, de l’Arabie, de Rome, du Tibet ou de Patagonie, seul Dieu sait ? Mais quelque chose se dessine. Les esprits de la transmission s’éveillent elles sont en marche activés par on ne sait quelle force. Ils ne sont pas forcément représentés par les nationalismes politiques et les idéologies religieuses qui participent du rationalisme ténébreux. Qu’il s’agisse des irrédentismes religieux, des socialismes désemparés, des sociétés civiles libertaires ils portent tous les marques indélébiles de ce rationalisme abâtardi qui a voulu se substituer à un modernisme occidental soi-disant porteur régression.

Le changement est centrifuge et traditionnel. L’Afrique devra chercher et découvrir son centre spirituel. Où se trouve le centre spirituel de l’Afrique pour prétendre à la coalition orthodoxe ? En Egypte ? Dans « Nations nègres et cultures »  de Cheikh Anta Diop ? Au Mali, au Niger, en Ethiopie, qui sait ? L’avenir est dans la transmission. Qu’il s’agisse de l’Iran de Rohani plein de mystiques détenteurs d’invocations secrètes et qui tiennent la Syrie, de la Turquie qui n’a pas dominé le monde pour rien et de la sainte Russie qui a fait fasse aux armées napoléoniennes à fort renforts de prières mystiques sous les différents symboles de la croix orthodoxe, l’esprit a toujours été constant. IL EST ! Ceux qui l’on comprit sauront prendre la direction spirituelle du vent.  

Le conflit inexplicable entre Erdogan et Fethulallah Gulen est une catastrophe culturelle malgré les apparences. C’est un empêchement de tourner en rond, de prier l’esprit qui gouverne le monde. Partout on met en conflit les politiques et les mystiques qui parfois par erreur se comportent comme les politiciens adoptant leur méthode d’infiltration pseudo-trotskiste qui finalement empêchent la jonction finale. Tous les grands chefs politiques ont besoin d’arrière-cours mystique, Racep Tayyib Erdogan a intérêt à le chercher pour combler le vide. Une question essentielle malgré sa popularité aveuglante devant les anti-occidentaux de toute sorte. A Rome, un Jean XXIII ferait l’affaire. Peut-être qu’il est toujours parmi nous. En tous cas ses prophéties font toujours mouche 45  années  après sa disparition physique. Sa vision de l’arrivée du Cardinal du sud  Bergoglio est éclairante. Il est des hommes qui font l’histoire sans en avoir l’air. Le pape François en fait partie, un jésuite très intéressant.

Quant à l’Arabie Saoudite, il s’y passe quelque chose. C’est le moins que l’on puisse dire. Ni perestroïka, ni glasnost ne sauveront l’Arabie Saoudite, le prince Mohamed Ben Salman n’est pas  Gorbatchev. L’Arabie Saoudite  est vouée au passage en avant mais non comme les schémas occidentalisant et religio-haineux le souhaitent mais par un retour à ce qu’elle est vraiment, non pas forcément saoudienne ou wahhabite mais austère, mohammadienne, abrahamique et spirituel. Sinon elle ne pourra prétendre à aucune coalition  orthodoxe  mondiale. Seule une présence et un règne mystique en Arabie pourra soigner les deux plaies frontalières que sont le Yémen et la Syrie qui sont deux frontières religieuses extrêmement dangereuses. Les hommes qui s’approchent des frontières religieuses doivent être prêts à mourir. Ceux qui ont profité du soi-disant printemps arabe pour déclencher ces conflits près  des frontières religieuses sont les responsables criminels de ce qui se passe aujourd’hui au Yemen et en Syrie si proches de nous. Les autres sont venus s’en mêler pour attiser le feu pensant qu’ils ne sont pas concernés. Le monde est voué inéluctablement aux déplacements spirituels. Rien ne disparait, les choses ne font que se déplacer en conservant leurs rôles.

Khalifa Touré


 

 

 

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