mercredi 13 février 2013

John Brown, l’anti-esclavagiste Controversé.




Après avoir regardé le récent film-polémique de Quentin Tarentino « Django Unchained » et constaté les réactions négatives suscitées par ce western spaghetti consacré à l’esclavage aux Etats-Unis, une idée étrange nous est venue de rappeler l’une des épisodes les plus sombres et les plus controversées de l’histoire des Etats-Unis : L’affaire John Brown

L’histoire est une discipline charmante en ceci qu’elle provoque toujours la controverse. John Brown hier, un héros, un fanatique ou un criminel ? Quentin Tarentino, « un fou », un génie, un raciste anti-noir ou un raciste anti-blanc ? Toute réponse est tributaire du point de vue de l’homme qui parle. Pour ma part John Brown est un héros imparfait, un leader fanatique qui avait les défauts de ces qualités. Quentin Tarentino n’est pas un raciste, c’est un artiste dont l’hyper-réalisme peut rebuter ; c’est un metteur en scène et scénariste génial qui provoque la jalousie dans un cinéma Hollywoodien qui préfère un bon film commercial politiquement correct comme « ARGO » au récent chef-d’œuvre MAGISTRAL de Michael Haneke : « Amour ». Bref les avis seront toujours partagés en histoire générale ou en histoire tout court.

Du reste John Brown est le type même du héros moderne, très controversé. Anti- esclavagiste jusqu’à l’âme, John Brown est né le 09 Mai 1800 à Torrington dans l'État du Connecticut aux États-Unis. Dès le bas-âge il assista à l’effroyable ignominie qu’est l’esclavage des noirs. Les convictions calvinistes de son père et son expérience de spectateur halluciné de la terreur esclavagiste ont réveillé en lui ce sentiment de refus violent qui feront de lui un abolitionniste qui appellera à l’insurrection armée, chose inacceptable à l’époque.

En 1847, il rencontre Frederick Douglass, ancien esclave, grand orateur et homme d'État. Il s'installe alors  dans une communauté noire de l'État de New York. Toutes ces actions ne suffisent pas à ce « soldat » inconsolable. Son activisme devient de plus en plus violent. Il est soutenu par de nombreux abolitionnistes et organise la fuite de nombreux esclaves. C’est alors que commence la période controversée où aidé par ses cinq fils, il massacre en 1856 cinq colons à Pottawatomie Creek. Lors de la bataille d’Osawatomie il a défendu le village contre 400 hommes armés. En 1859 il projeta une insurrection armée, il est arrêté et jugé pour trahison contre l’Etat de Virginie.

 Condamné à la peine capitale, beaucoup d’hommes de culture demandèrent sa grâce. Il sera pendu le 02 Décembre 1859. Abraham qui était lui-même abolitionniste ne s’y est pas opposé. Pour lui Brown était un « fanatique ». Le martyr de l’homme du Connecticut devint le symbole de ralliement de tous les abolitionnistes. Victor Hugo depuis son exil de Guernesey avait écrit une lettre ouverte prévenant contre les dangers de son exécution.
 « [...] Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.
Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté. [...]
Oui, que l’Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c’est Washington tuant Spartacus. »
— Victor Hugo, Hauteville-House, 2 décembre 1859

KHALIFA TOURE.

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