De ridicules listes
d’intellectuels qui font bouger l’Afrique circulent. Des cohortes de femmes,
soi-disant leaders, occupent les journaux. Nous avons tout compris. Ceux, tapis
dans l’ombre, qui concoctent ces listes pour influencer nos manières de penser
ont tout faux de parier sur notre imbécilité.
Dans ces top 100 ou top 10, seules deux à trois figurent les
intéressent. Les autres sont là, Desmond Tutu ou Wole Soyinka pour valider la présence de ces
missionnaires coloniaux à la peau noire, qui sont contents d’être cités.
A côté, il y en a qui ne veulent pas être cités. Ils savent qu’on veut mettre la main sur eux. Toutes nos
félicitations à Ibrahima Sall, « le bouvier de l’au-delà » qui ne
s’est pas déplacé pour aller prendre le Grand Prix internationale Léopold Senghor
de la poésie. Il existe encore dans ce
monde, des êtres qui ne cherchent pas cette chose vulgaire appelée
« succès ». Toutes ces femmes qui garnissent les listes médiatiques
ont certainement quelque mérite mais en ont-elles plus que les six figures
suivantes :
-Rose Dieng : L’une des intellectuelles
sénégalaises les plus brillantes à coup sûr. Elle peut être classée à juste
raison parmi les surdouées que notre système éducatif a produit depuis
toujours. Née en 1956 elle se distingue par son intelligence précoce au Lycée Van-Vollenhoven
de Dakar : 1er prix en mathématiques, en français et en latin au concours
général sénégalais 1972, 2ème prix en grec, lauréate du baccalauréat section
scientifique avec mention très bien et les félicitations du jury. Elle arrive
en classes
préparatoires au lycée Fénelon à Paris. En
1976, elle est la première femme africaine à intégrer l'École
polytechnique.
Eminente spécialiste en intelligence artificielle, elle a en effet soutenu une
thèse de doctorat en informatique à l'université Paris-Sud sur la spécification du parallélisme
dans les programmes informatiques. Elle reçoit le prix
Irène-Joliot-Curie
en 2005. Une vie remplie de recherches et de production savante s’éteint le 30
juin 2008 à Nice. La rue Rose-Dieng-Kuntz qui est située au cœur du parc d'innovation de
la Chantrerie, au nord-est de Nantes porte son nom.
-Mame Younouss Dieng : Née à Tivaouane en 1939, cette
institutrice de l’époque glorieuse a grandi et étudié dans la ville religieuse avant d’officier à la fameuse école
2 de Tivaouane ex-école des filles. Née d’une mère originaire de Saint-Louis
proche d’Alioune Mbaye Paala, Mame Younouss est à juste raison l’une des deux
écrivaines sénégalaises qui connaissent le mieux la société. Romancière de
mœurs elle est l’auteur de « Aawo bi» l’un des premiers romans en
langue wolof publié en 1992 à Dakar avant « l’ombre en feu » publié en
1997 après une rocambolesque histoire d’écriture qu’elle nous a raconté à
l’occasion de la présentation du livre à « Impressions » de Sada
Kane. Le vendredi 1er avril
2016 elle rend l’âme à son domicile à Dakar. Elle a traduit « Une si
longue lettre » en langue Ouolof avec une autre grande dame des lettres
africaines : Madame Aram Faal.
-Sokhna Oumou khaïry
Sy : Fille de Serigne Babacar Sy Malick elle sans nul doute l’une des
grandes figures sociales et religieuses du Sénégal. Cette dame aux qualités
exceptionnelles a consacré toute sa vie à nourrir et vêtir les pauvres jusqu’à son
dernier souffle. Surnommée « Boroom Waagn Wi » pour son expertise
dans la gestion des charges sociales cette maison religieuse
appelée « Keur gu makk » connue de tous les millions de disciples Tidiane
qui convergent fréquemment vers Tivaouane. Combien de jeunes hommes et surtout des jeunes
filles, ses homonymes, ont bénéficié de sa couverture sociale et éducative.
Zeyda Rokhaya Niasse :
Moins connue que sa
sœur Mariam Niasse, fille de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niasse, elle est
l’une des premières femmes-écrivains en langue arabe au Sud du Sahara. Intellectuelle
engagée, brillante conférencière aux solides références islamiques. Elle est
l’auteure de nombreux livres dont « La part de la femme en Islam »
écrit en 1975 qui a été traduit en anglais.
Safi Faye est certainement l’une des rares grandes cinéastes de l’histoire du
7eme art. Mais elle est d’abord une ethnologue
dont le regard scientifique est volontairement édulcoré par le langage singulier de l’art du
documentaire. Née à Dakar en 1943 elle
est l’auteure de Kaddu Beykat (Lettre
paysanne), Goob na nu (La récolte est finie) et « les âmes au Soleil ».
Safi Faye est la première réalisatrice
noire africaine.
-Khady Sylla :
Parcours singulier et atypique que celui de Khady Sylla cette brillante élève,
crack ou surdouée de l’école sénégalaise des années 70. Née à Dakar le 27 mars
1963 elle arrive en France après un brillant parcours scolaire. Elle abandonne
tour à tour les prestigieux HEC et Hypokhâgne pour se consacrer à sa
passion : l’écriture et le cinéma. En 2005, elle
remporte le prix du meilleur premier film au Festival international du documentaire (FID) de Marseille, pour son film Une fenêtre
ouverte. Elle a auparavant publié en 1992 le fameux roman « Jeux
de mer ».
Autant de figures féminines qui sont de véritables athlètes
dans leurs domaines respectifs.
Khalifa Touré
sidimohamedkhalifa72@gmail.com
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