lundi 8 août 2016

Six grandes championnes du Sénégal




De ridicules listes d’intellectuels qui font bouger l’Afrique circulent. Des cohortes de femmes, soi-disant leaders, occupent les journaux. Nous avons tout compris. Ceux, tapis dans l’ombre, qui concoctent ces listes pour influencer nos manières de penser ont tout faux de parier sur notre imbécilité. 

Dans ces top 100 ou top 10, seules deux à trois figurent les intéressent. Les autres sont là, Desmond Tutu ou  Wole Soyinka pour valider la présence de ces missionnaires coloniaux  à la peau noire, qui sont contents d’être cités. A côté, il y en a qui ne veulent pas être cités. Ils savent  qu’on veut mettre la main sur eux. Toutes nos félicitations à Ibrahima Sall, « le bouvier de l’au-delà » qui ne s’est pas déplacé pour aller prendre le Grand Prix internationale Léopold Senghor de la poésie. Il existe  encore dans ce monde, des êtres qui ne cherchent pas cette chose vulgaire appelée « succès ». Toutes ces femmes qui garnissent les listes médiatiques ont certainement quelque mérite mais en ont-elles plus que les six figures suivantes :

-Rose Dieng : L’une des intellectuelles sénégalaises les plus brillantes à coup sûr. Elle peut être classée à juste raison parmi les surdouées que notre système éducatif a produit depuis toujours. Née en 1956 elle se distingue par son intelligence précoce au Lycée Van-Vollenhoven de Dakar : 1er prix en mathématiques, en français et en latin au concours général sénégalais 1972, 2ème prix en grec, lauréate du baccalauréat section scientifique avec mention très bien et les félicitations du jury. Elle arrive en classes préparatoires au lycée Fénelon à Paris. En 1976, elle est la première femme africaine à intégrer l'École polytechnique. Eminente spécialiste en intelligence artificielle, elle a en effet soutenu une thèse de doctorat en informatique à l'université Paris-Sud sur la spécification du parallélisme dans les programmes informatiques. Elle reçoit le prix Irène-Joliot-Curie en 2005. Une vie remplie de recherches et de production savante s’éteint le 30 juin 2008 à Nice. La rue Rose-Dieng-Kuntz  qui est située au cœur du parc d'innovation de la Chantrerie, au nord-est de Nantes porte son nom. 

-Mame Younouss  Dieng : Née à Tivaouane en 1939, cette institutrice de l’époque glorieuse a grandi et étudié dans la ville  religieuse avant d’officier à la fameuse école 2 de Tivaouane ex-école des filles. Née d’une mère originaire de Saint-Louis proche d’Alioune Mbaye Paala, Mame Younouss est à juste raison l’une des deux écrivaines sénégalaises qui connaissent le mieux la société. Romancière de mœurs elle est l’auteur de « Aawo  bi» l’un des premiers romans en langue wolof publié en 1992 à Dakar avant « l’ombre en feu » publié en 1997 après une rocambolesque histoire d’écriture qu’elle nous a raconté à l’occasion de la présentation du livre à « Impressions » de Sada Kane.  Le vendredi 1er avril 2016 elle rend l’âme à son domicile à Dakar. Elle a traduit « Une si longue lettre » en langue Ouolof avec une autre grande dame des lettres africaines : Madame Aram Faal.

-Sokhna Oumou khaïry Sy : Fille de Serigne Babacar Sy Malick elle sans nul doute l’une des grandes figures sociales et religieuses du Sénégal. Cette dame aux qualités exceptionnelles a consacré toute sa vie à nourrir et vêtir les pauvres jusqu’à son dernier souffle. Surnommée « Boroom Waagn Wi » pour son expertise dans la  gestion  des charges sociales cette maison religieuse appelée « Keur gu makk » connue de tous les millions de disciples Tidiane qui convergent fréquemment vers Tivaouane.  Combien de jeunes hommes et surtout des jeunes filles, ses homonymes, ont bénéficié de sa couverture sociale et éducative. 
           
Zeyda Rokhaya Niasse : Moins connue que sa sœur Mariam Niasse, fille de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niasse, elle est l’une des premières femmes-écrivains en langue arabe au Sud du Sahara. Intellectuelle engagée, brillante conférencière aux solides références islamiques. Elle est l’auteure de nombreux livres dont «  La part de la femme en Islam » écrit en 1975 qui a été traduit en anglais.

Safi Faye est certainement l’une  des rares grandes cinéastes de l’histoire du 7eme art. Mais elle est d’abord une ethnologue  dont le regard scientifique est volontairement édulcoré  par le langage singulier de l’art du documentaire. Née à Dakar en 1943  elle est l’auteure de  Kaddu Beykat (Lettre paysanne), Goob na nu (La récolte est finie) et « les âmes au Soleil ». Safi Faye est  la première réalisatrice noire africaine.

-Khady Sylla : Parcours singulier et atypique que celui de Khady Sylla cette brillante élève, crack ou surdouée de l’école sénégalaise des années 70. Née à Dakar le 27 mars 1963 elle arrive en France après un brillant parcours scolaire. Elle abandonne tour à tour les prestigieux HEC et Hypokhâgne pour se consacrer à sa passion : l’écriture et le cinéma. En 2005, elle remporte le prix du meilleur premier film au Festival international du documentaire (FID) de Marseille, pour son film Une fenêtre ouverte. Elle a auparavant publié en 1992 le fameux roman « Jeux de mer ».
Autant de figures féminines qui sont de véritables athlètes dans leurs domaines respectifs.

Khalifa Touré
sidimohamedkhalifa72@gmail.com
 

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