mardi 2 août 2016

La rage et l’orgueil au Sénégal (suite et fin)




Il existe des colères « saines », des colères pathologiques,  des colères feintes, des colères sans lendemain et même des colères empruntées. 

Les colères « saines » sont passagères, elles viennent des êtres sincères dont les cœurs produisent une lumière du Bien qui leur dicte de revenir à la raison, à la foi. Les colères pathologiques sont l’œuvre des fous, véritables endimanchés en costume-cravate ou en grand boubou, ils sont nombreux parmi les politiciens et les pauvres gens qui sont obsédés par le pouvoir et qui hantent les milieux religieux et culturels, les media, le mouvement associatif…Ils valent moins que les entrepreneurs politiques. Les colères feintes viennent des individus qui ont une personnalité mensongère. Leurs fourberies dépassent Scapin. Le crocodile ne veut pas de leurs larmes. Ce terrible reptile s’enfuirait devant eux. Simuler la colère sur les plateaux de télévision ! C’est le sommet. Ils ne font pas partie des gens normaux parce qu’ils n’ont peur de rien, sauf de leur déchéance prochaine. Ils n’ont aucune forme d’honneur.

 Le seul protocole qui vaille pour les voleurs de l’argent de pauvres c’est de leur couper la main. Alors beaucoup de mains tomberont à terre pour faire le bonheur des chiens et des loups affamés par l’indigence collective. Vous les verrez chialer comme des mioches qui ont peur devant un gros molosse qui aboie rageusement. Mais ils pensent bêtement que le chien n’aboie que lorsque la caravane passe. Ils ne verront même pas l’ombre des pitbulls qui leur sauteront à la gorge. Quant aux colères sans lendemain ils viennent malheureusement des peuples, les groupements politiques conscients et organisés que l’on appelle « peuple » et qui sont régulièrement en colère tous les dix ans selon une loi inconnue. Ils ne réaliseront jamais la révolution spirituelle parce qu’ils sont piratés par les colères feintes, ceux qui ont une âme de girouette et qui connaissent la direction du vent. Ils seront les premiers à freiner la marche du changement parce qu’ils étaient dans le coup. 

Le feu de la colère est bien à l’origine de biens des révolutions qui finissent tôt ou tard par se tasser. Le monde se passerait bien de la colère. Mais que faire ? Les gouverneurs civils et politiques de ce bas monde s’arrangent toujours à vous mettre en rogne. Alors fusent les injures les plus vulgaires, les insultes les plus savantes mais aussi les silences les plus implosives. On dirait que les roitelets de ce bas monde qui se voient toujours  grands et roi parmi les rois  se nourrissent de notre colère. La lucidité n’est pas la première qualité des gouvernants de ce monde décadent. En état d’ébriété permanente, certains pour avoir trop souvent levé le coude mais d’autres sont grisés par les vulgaires clinquants du pouvoir. 

Cependant, la plus risible des colères est la colère empruntée. C’est l’œuvre des idiots et des imbéciles qui pensent qu’ils sont en colère. Ils ont une personnalité définitivement immature. Ils sont prêts à se battre pour Cristiano Ronaldo, Koutia et Bouba Ndour, Modou Lo et Wiri Wiri. A chacun son héros. Ils auraient bien voté pour Donald Trump « le hérisson » parce que « guerrier la » ; un guerrier qui n’a jamais fait la guerre. Ceux qui se prennent pour intelligents ont perdu leur capital symbolique à force de ruse politicienne. Ils n’ont que leurs yeux pour pleurer aujourd’hui. Naguère personne n’osait critiquer un enseignant.

Apparait alors, l e fantasme le plus répandu aujourd’hui : « la lutte vers le sommet ».  L’embouteillage d’hommes et de femmes sans envergure donne une image vulgaire des premières loges. Ils oublient que l’arrière-garde doit être protégée, défendue par les contre-attaques sournoises. Mais à l’arrière-garde, on n’est pas visible, quelques vigoureux que soient les coups infligés à l’ennemi. Tout cela provoque la rage, l’orgueil et finalement un sentiment plus noble : La fierté.
Mais en attendant, les roitelets et leurs épigones appelés « opposition »  ignorent la métaphore de la salamandre. Ce cousin du margouillat est sensé brûler la case pour que renaisse une autre vie. C’est l’animal le plus susceptible de phobie. Il nous rappelle que le feu couve. La case va brûler. Les femmes le sentent, elles qui ont peur de ce reptile. Leurs cris informeront les initiés qui ont toujours compris qu’il faut que le monde aille quelque part.

Khalifa Touré
sidimohamedkhalifa72@gmail.com
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire