Rester en vie n’a jamais
été la vocation des hommes, c’est pourquoi toutes ces formes d’entrainement de
survie ancestrales comme modernes ont été inventées. Citoyens de tous les pays
du monde, les hommes qui vont mourir vous saluent ! Ce n’est pas un salut
de gladiateurs esclaves de la bravoure inutile, mais un geste d’adieu à pas
feutrés. Elle est loin la Rome antique
d’où sont partis
tous les mythes fondateurs des peuples de l’Ouest. Les hommes meurent en silence
par un orgueil d’une simplicité ancestrale. Qui envoie les hommes à la mort ?...
Les hommes eux-mêmes, surtout à la
guerre, mais aussi les femmes, les enfants, les belles-mères et le patron du
système capitaliste. Les hommes meurent au bureau, à l’usine, à l’hôpital. Ils
meurent d’asthénie dans la rue, l’orgueil des hommes les renvoie à la rue.
Mais la mort masculine
la plus ancienne est cette tension presque bête de toujours défendre sa
réputation d’homme digne de ce nom. Quelques fois il vaut mieux ne pas être
homme, non pas femme ni garçon, mais un
simple être humain plein de faiblesses : faiblesse sexuelle ( la
honte absolue dit-on), faiblesse
financière( un homme doit être forcément riche pense-t-on), faiblesse plastique(
un homme n’est pas forcément beau). Les hommes se tuent à l’orgueil et au
silence. Pour défendre leur état d’hommes ils sont prêts au sacrifice suprême,
au suicide même.
Etre homme, est-ce un
état ou un fait ? A l’origine nous sommes et seront toujours des hommes
qui vont faire des choses, de grandes ou
de petites choses. Autrefois à l’école on enseignait « La leçon de
choses » qui plus tard est devenue « Observation ! », la
fameuse leçon d’Observation, comme si les choses étaient faites seulement pour être
observées. Cela est fort juste mais après l’observation il faudrait non pas
agir mais « faire ». Tout le développement tel qu’il est conçu
aujourd’hui est sorti de « La leçon de choses » devenue « Leçon
d’Observation ». Mon Dieu ! on
ne réfléchi pas suffisamment sur les mots.
Les hommes sont des adeptes de l’utilitarisme,
ils sont fétichistes face aux outils du travail manuel. Les hommes de sexe masculin
sont des êtres qui vont, ils sont en mouvement, souvent inutilement. Un homme
doit toujours faire quelque chose pour éviter l’opprobre, l’hallali et la méchante
hypocrisie des hommes et des femmes. Ils vont mourir très tôt. Il ya des hommes
qui cherchent l’oisiveté, la bohême, le farniente, en s’incrustant dans les
subtils codes sociaux qui paradoxalement permettent de tendre la main d’une
manière où d’une autre. Tant que ca ne fait pas de mal, il vaut mieux l’accepter,
il n’ya plus de gêne à se la couler douce dans le lit douillet des femmes âgées.
Dans nos sociétés vivent de plus en plus des hommes à la langue mielleuse qui ne vivent pas de petits métiers
mais de petites et grandes magouilles. La langue est mielleuse mais le cœur est
fielleux. Des escrocs en costume et cravate, des mendiants en grand boubou, ils
ne sont pas bêtes, ils vivront longtemps parce qu’ils sont malhonnêtes. Des hommes
qui mêlent rastaquouères et dandys sortis du XIXème siècle français avec cette
propension mondiale à la jouissance, à
l’ostentation, à la prédation. La barre est devenue très haute en manière
d’expression des désirs. Les hommes ne veulent plus être riches ils veulent
être très très riches, richissimes.
Ils sont balourds les hommes, presque niais
dans cette impérieuse tendance à cacher leur souffrance aux odeurs de
testostérone, sous les muscles qui tendent à disparaître sauf dans les foires
aux hommes stripteaseurs qui rodent en dehors des quatre murs. Ceux là savent ce qu’ils font. Ils cultivent
la paresse sous prétexte de culture physique. Ne vous en faites pas, il n’est
pas loin le jour où ils vont se faire remonter le pantalon tombant par leurs
propres enfants. C’est cela aussi la mode, elle agit sous le mode de l’évanescence,
de la disparition. Même à la renaissance la mode ne veut reprendre les formes
antérieures. C’est ainsi que finissent
les jeunes gens parés de choses factices. La « leçon de choses » des
anciens devenue « leçon d’observation » ne leur a rien servi.
Au XIXeme un grand poète a écrit un livre au
titre étrange : « Mort parce que bête » il s’agit de Friedrich Nietzsche.
Il n’y a pas plus clairvoyant ! C’est ainsi que meurent les pères de
famille.
Khalifa Touré
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