vendredi 4 janvier 2013

FRANZ FANON, « UNE ARME DE SILEX ».



Franz Fanon que voici est quoi qu’on en pense, l’un des grands penseurs qui ont marqué le 20ème siècle par la puissance de leur verbe. La pensée est une question de parole et celle de Fanon a été suffisamment haute pour que l’on puisse le placer sur l’horizon du 20ème siècle aux cotés des plus illustres.

Il a été pour les militants Africains ce que Jean Paul Sartre fut pour les intellectuels militants de son époque. Seule la sincérité dans l’engagement peut conférer une telle tonalité, une aussi grande influence surtout pour les études postcoloniales aujourd’hui.

Il a contribué de façon décisive à la libération des peuples opprimés en leur offrant une arme redoutable par les arguments incisifs développés dans ses ouvrages. A ce propos Achille Mbembe a raison de dire que « l’œuvre de Franz Fanon fut pour tous les opprimés une armes de silex ». Il a même servi de références aux militants noirs américains.

Ce psychiatre né en 1925 à Fort de France en Martinique, « citoyen » français qui a connu les affres de la guerre mondiale où il été fait prisonnier a pourtant été l’ambassadeur du gouvernement provisoire de la République Algérienne au Ghana.

L’explication en est que Fanon est « un militant universel ». N’a-t-il pas dit dans Peau noire, Masque blanc : « chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte ».

Cette philosophie l’a taraudé toute sa vie durant et lui a fait rencontrer ses alter égo Lumumba et Nkwamé Nkrumah.
Fanon avait l’esprit chevaleresque, un preux militant qui a échappé à deux attentats au Maroc et en Italie, les autorités coloniales Française voulant le supprimer .Ce martiniquais qui a démissionné de son poste de médecin-chef de l’hôpital de Blida-Joinville a été expulsé d’Algérie en Janvier 1957parce qu’il empêchait plus même qu’il ne gênait le projet colonial.

Sa contribution la plus décisive aura été la déconstruction du paradigme colonial par les moyens de la psychiatrie. En introduisant la sociothérapie dans les méthodes thérapeutiques proposés par les médecins coloniaux pour « soigner » les malades de type Nord Africain il a contribué de façon systématique à renverser le préjugé colonial par la méthode scientifique.

Cette contribution qui est une œuvre d’école est certainement l’idée principale qui faisait courir ce gentleman de la pensée : la colonisation aura été le système qui a réussi à détruire psychologiquement le colon et le colonisé.


Franz Omar Fanon le plus illustre des tiers-mondiste s’est éteint le 6 décembre 1961 à Washington à l’âge de 36 ans seulement. Il a été inhumé au cimetière des martyrs de la guerre près de la frontière algéro-tunisienne dans la commune d’Ain Kerma, léguant à la postérité des ouvrages majeurs, entre autres, dont Les damnés de la terre et Peau noire masque blanc.

KHALIFA TOURE

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