samedi 19 mars 2016

Le referendum et après ?



        




Pourquoi tant bruits assourdissants, de tintamarres  à vous faire sauter au plafond, de vraies faussent colères qui blessent et tuent ceux qui s’amusent à ce jeu dangereux qu’est la politique des hommes politiques sans substance ? Pourquoi ne pas laisser les politiciens jouer à leur propre jeu ? De toutes les façons ils ont horreur de la solitude et de l’indifférence. Ils sont d’une faiblesse mesquine. Laissons leur cette politique, ils courront après vous comme chien derrière un os à ronger. Alors nous pourrions fonder une autre politique avec nos propres règles. Une politique qui traduit un projet culturel. Pourquoi tant de violence inutile ? Ah ! que les hommes aiment soutenir de petites querelles. 

Tous les théoriciens de la philosophie politique ont classé le referendum parmi les pratiques de démocratie délibérative. Le referendum est une tentative de résoudre l’une des limites et grandes faiblesses de la démocratie mais par la même occasion se débarrasser de ce sentiment d’arrogance et de monopole de la parole politique. Mais tout cela n’est que vaine politique. Le peuple n’a jamais eu la parole sauf dans les fins de  cycle où les lames de fond qui ont brassé la mer calme de la marche des sociétés a abouti à une véritable révolution culturelle, à la libération. Le peuple demande l’habeas corpus aux politiciens. Rendez au peuple sa liberté de révolution !  La liberté d’habiter son corps est un droit universel. Les populations  qui se rendent complice du rapt politique par la passivité et l’acception éhontée de la corruption seront identifiés un jour comme ces descendants d’anciens défaillants  et faux grévistes délateurs des grandes grèves dans les années quarante. Le jugement de l’histoire est implacable même s’il reste sourd. Il tombe non comme un couperet mais à la manière d’un boulet. Il vous écrase. Tout le monde sait ce que certaines couches de la population ont fait dans l’histoire particulière de leur terroir. Ils portent toujours le fardeau de la trahison. 

Aujourd’hui les sociétés africaines sont en train  d’aller quelque part. Il n’ya que les politiciens et l’élite intellectuelle qui n’entendent les pas lourds de cette longue marche des éléphants. Ceux qui veulent mettre au pas le pays rencontreront sur leur chemin deux forces sociales qui sont en train de se dessiner : La jeunesse d’obédience religieuse, et les jeunesses panafricanistes qui sont de retour. Elles sont les seules à porter une pensée utopique, prospective et révolutionnaire même si elle peut prendre des formes brouillonnes qui peuvent tromper.  Ce type de discours n’existe pas dans la jeunesse politique qui court derrière un oui ou un non. Les jeunesses politiques devraient faire la jonction avec les forces religieuses et panafricanistes pour tordre le coup aux partis politiques, les détruire de l’intérieur. Ils sont atteints d’une maladie incurable : L’accaparement. Seuls les jeunes ont la force de tuer la bête et provoquer le referendum du jour d’après, celui de l’Afrique. Oui ou Non aux valeurs africaines, à la solidarité communautaire, la vérité ancestrale et la famille hiérarchisée.  Les grands œufs ont été couvés,  les petits sont sortis, les dragons cracheurs de feu sont en train de grandir, les anciens peuvent se reposer tranquillement et prier, la relève est assurée. C’est imparable ! sauf accident il va se passer quelque chose dans les sociétés africaines. Tous ces conflits, violences symboliques et séditions ont pour origine la gestion du bien commun, à commencer par cet épiphénomène électoral de Oui ou de Non. 

La contradiction la plus violente face à ces événements politiques comme le referendum est le désir de désertion qui jette la jeunesse sur les routes de l’ailleurs et la volonté de rébellion de ceux qui sont restés. L’histoire politique n’est pas l’histoire des élections,  c’est l’histoire des rapports de pouvoir entre groupes sociaux. Le referendum est une élection quoi qu’on en pense. Il l’est non pas en fin de compte mais bien entendu dès l’entame. Le referendum c’est l’élection ou la chute des valeurs. C’est très dangereux un referendum. Tous les vingt ans pratiquement, au Sénégal, le peuple est à l’assaut de l’establishment pour arracher sa liberté, mais il reste toujours quelque chose…les choses ne sont jamais allés là où elles devraient être. Toujours un travail inachevé par la faute et l’infiltration des éléments de cette même élite. Alors il arrivera un jour prochain où le rubicon sera enjambé. A chaque échéance, le peuple avance d’un pas vers la ligne « fatidique »,  celle du non, le non-retour où il s’écriera : « Alea Jacta est !», le sort en est jeté. Il sera alors   impossible de revenir sur ses pas. Le lendemain un autre jour poindra, celui  du grand referendum.

Khalifa Touré


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