Elle est partie Aretha
Franklin, elle est montée l’âme d’Aretha
Franklin haute comme sa voix, haute et aiguë à la fois, voilà la tessiture d’Aretha
Franklin, cette signature vocale qui est un don de Dieu et qui fait dire
Ah ! c’est du Aretha Franklin. Comme disait nos ainés des années 70 et 80.
Ces dandy des cités africaines, jeunes gens élégants, cheveux
« afro », libres pattes d’éléphant, souliers hauts talons
impeccablement cirés et même astiqués, qui
se plaisaient à écouter la musique de nos frères et sœurs noirs-américains.
Mais parfois des manières affectées ressemblant aussi à ces rastaquouères du XIXème
qui affectaient quelque personnalité élégante. C’était de l’Otis Redding, Ah !
« (Sittin' On)
The Dock of the Bay » enregistré quelques jours avant sa disparition tragique dans un
accident d’avion à l’âge de 26 ans. Et
encore… et encore « I've got dreams to remember»,
quelle voix ! Avant que la voix sensuelle et mortellement langoureuse de Marvin
Gaye ne vienne s’interposer. « Sexual
Healing » est un véritable intermède musical, une pause, parenthèse
vers le futur disco, cette musique légère,
dansante et éphémère. J’en connais qui se sont « tués » à
écouter BoneyM.
Après les électrophones « ancestraux » les délicieux
grincements des tourne-disques sonnent encore dans les oreilles. Ce furent
aussi les cris aigus de James Brown the godfather of soul à la très longue «
It’s a man’s man’s man’s world » et Tina Turner la voix souventes fois et par
moments masculine ou féminine au besoin dans son célèbre « What's Love
Got To Do With It » peut-être
une manière de panser les plaies que son musicien de mari Ike lui a infligé. C’était l’époque où les garçons battaient les
filles, il n’ya pas de honte à la dire. On les bat toujours d’ailleurs, d’où le
« Respect » de la frêle Aretha Franklin. Un tube évocateur qui a
déchiré !!! C’était aussi l’époque où
les femmes quémandaient le respect :
« (Hoo) Ce que tu veux (Hoo)Baby, je l’ai(Hoo) Ce dont tu as besoin( Hoo)
Sais-tu que je l’ai ?(Hoo) Tout ce que je demande( Hoo) C’est un peu de
respect quand tu rentres à la maison(juste un peu). Hey baby juste un peu (juste
un peu) quand tu rentres à la maison (juste un peu) monsieur (juste un
peu). » Le « Respect » d’Aretha Franklin n’est pas seulement une
chanson d’amour c’est une demande expresse. Toute sa vie musicale ne peut
certainement pas être résumée par cette chanson emblématique. Mais elle reste
inoubliable comme un refrain.
Au reste, est-il encore possible d’écouter de
la bonne musique ? Telle est la
question pour les oreilles fines à l’écoute
des voix du ciel, celles des séraphins qui arpentent l’espace irisé. Aretha
Franklin est sans nul doute l’une des voix noires les plus hautes. Elle est de la lignée des
quatre grandes voix du Jazz : Nina
Simone, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Billie Holiday et de « l’impératrice
du Blues » Bessie Smith, mais d’une
autre époque, l’époque du vrai showbiz, la musique commerciale de qualité (c’est
possible par moments!) Elle est de la veine « soul », cette
musique de l’âme. Lorsque le chanteur a des « bleus à l’âme »
sa musique devient du Blues. Le Blues c’est de la « retro- soul
music » au tempo lent, mélancolique
et plaintif. Le blues tient aussi du Jazz, tout est lié. A coup sûr Michael Jackson, Aretha Franklin, R. Kelly, Stevie Wonder, Whitney Houston et Mariah Carey sont les chanteurs de R&B populaire les plus connus et peut-être
les plus talentueux, leurs liens avec James Brown est indéniable musicalement
parlant ( si leurs musiques peuvent être définies à partir du rythme).
Le « Respect » d’Aretha Franklin est un cri
strident au respect de l’autre moitié de l’homme. Un cri aux senteurs et
couleurs féminines, ce cri qui touche
quelque part dans l’âme, cette voix qui nous fait quelque chose, ce quelque
chose de joyeux, d’une joie nostalgique qui nous arrache des larmes. Ce n’est
plus de la musique simplement mais des souvenirs, des réminiscences et des ressassements,
un ensemble de sons, de couleurs et d’odeurs et de situations, des visages très
tôt arrachés à notre affection, des âmes vite parties devenues angéliques.
Aretha Franklin a vendu 75 millions de disques
et reste aujourd'hui l'artiste féminine ayant vendu le plus de disques vinyles
dans l'histoire de l'industrie discographique. Après une longue carrière
musicale et une vie presque sans grands « heurts et malheurs » comme
tous ces grands artistes fêlés jusque dans l’âme, on peut dire qu’elle a eu
beaucoup de chance malgré ce cancer du pancréas qui va l’emporter le 16 Août
2018 à Detroit dans le Michigan à l’âge de soixante seize ans. Elle laisse derrière elle
quatre enfants éplorés et des millions d’inconditionnels anonymes ou illustres
dont le président Barack Obama qu’elle ne cessait jamais de faire pleurer.
Salut l’artiste !
Khalifa
Touré
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