A quoi bon écrire si ce n’est pour voir l’œuvre de sa vie
conspuée et regardée avec une morgue hautaine par les bourgeois de troisième
génération ? Ils vous achètent quelques bouquins pour se faire bonne
conscience et décorer leur palais construit avec l’argent faisandé du commerce
de l’Afrique. L’Etat honteux ! La Société sans vergogne, l’Elite déconfite.
Faites gaffe ! Méfiez-vous des anciens pauvres qui ne seront jamais
riches. Ils se contentent des miettes que leur jettent ceux qui sont haut
perchés et attendent de dégringoler dans un bruit à vous crever le tympan. Attention
fuyez ! Ils vont tuer, massacrer, génocider dans leur grande chute motelle.
Ah ! que ça fait du bien lorsqu’un criminel choit. Un peu de cynisme ça ne
fait pas trop mal tout de même. Ce doit
quand même faire drôlement mal la chute éléphantesque de ces animaux sauvages.
Il n’ya guère, leurs rires narquois et leurs œillades sataniques se gavaient de la misère noire de l’écrivain,
noire comme le pain noir de la sombre misère. Ah la classe moyenne supérieure,
quand tu nous tiens ! Les anciens
pauvres empêchent la révolution. La classe moyenne supérieure est la
muraille de Chine, pardon (sacrilège!), la muraille de la honte qui a
oublié les mâcons du cœur. Une position de classe précaire, sans conscience
politique de classe. Pour elle, l’essentiel est d’être là-dedans. Regardez-les
jubiler, se pourlécher les babines en un geste lubrique ! Ils ne savent
pas que le mirliton chante mieux que le bâton de Maréchal. D’ailleurs le bâton
ne chante pas. Sinon il chante faux. Le chant rocailleux, caverneux, effrayant
et braillard des intellectuels qui n’ont même pas l’excuse d’être organique.
Les invertébrés ont quand même un organe. Ils sont au-dessus de la terre. Ils
rampent au moins vers quelque chose. Les
intellectuels c’est comme les femmes, ils sont fascinés par le pouvoir. Mais je
préfère les femmes, elles valent mieux qu’un intellectuel. Elles sont belles,
mais pas toujours. Elles sont la sève nourricière. Il ya pas plus moche qu’un
intellectuel dans la cour du roi. Sur cette terre foulée et pourrie par des
millions de pieds assassins, il n’ya que la beauté qui compte.
Va-t-en ! naguère grand prix du chef de l’Etat pour des
lettres illisibles jusques aux palimpsestes. Reste dans ton Nord de misère
hautaine jadis Saint-Louis du Sénégal. Les pauvres ! Ils ne savent pas que
le Nord, comme l’Orient musulman, est la boussole. A quoi sert de savoir où se
trouve le Nord si les entrepreneurs politiques ont périclité ? Mon cher
conteur-Ife, tu vas dormir dans la rue. Ça leur est
égal ! Parmi tes semblables, diront-ils. La rue n’est elle pas le gîte naturel
du poète ? Commentent les experts en histoire littéraire préfabriquée. Ils
vous réciteront des « Charles Baudelaire était pauvre comme Job. Il allait
chercher des catins jusqu’en Europe du Nord. George Orwell, le dernier prophète
de la littérature, est mort clochard. Céline le gueux, l’un des deux seuls
maîtres de la parole française (avec Aimé Césaire) a quand même terminé un
bouquin quelques heures avant la mort !»… Et patati et patata ! Tous
victimes de la division internationale
du travail, ces forgerons de l’imaginaire. Le chien aboie la caravane
s’arrête au dessus des dunes. Chien philosophe parle-nous ! Au
secours le règne animal veille sur nos consciences corrompues par l’argent
blanc mal blanchi. Le chien de l’écrivain est tendu de façon priapique comme le
chien du fusil. Bang ! Coup de feu, coup de sang dans les veines
révolutionnaires du poète national Ibrahima Sall. Alors la race des profiteurs
aux abois tombe et se remet debout. Les voleurs ont la peau dure. Livrons-les
tous au guérillero de la banlieue !
Il va tous les passer à la Kalachnikov des langues africaines, avant que la
société indiscrète des écrivains francophiles le mette au ban. Mais l’ombre du pharaon Anta Diop lui viendra au secours.
La doublure mystique de Bandiagara viendra guider la fabrication du Grand
Livre, le livre ultime que l’argent ne pourra acheter. Il sera idéalement exposé,
Le Livre, et le peuple viendra s’agenouiller, se recueillir en une prière
salvatrice devant les mots balsamiques du poète de la Nation qui nous viendra
des limbes de la vérité. A quoi bon écrire ?
un intello dans la cour du roi? LOL
RépondreSupprimerPour ça! Pour que soit éclairés ceux qui sont dans les ténèbres.
RépondreSupprimerPour cela, la question doit être retournée ainsi: Qui doit écrire?
On pourrai alors répondre: les illuminés, les éclairés comme Sidi Mouhammed Khalifa Touré.
Mais qui le connaît? Pas grand monde. Alors maître de la parole, maître de l'écrit ça tarde. Sort nous des livres car, ça vaut la peine d'écrire.