« Tous, ils m'apparaissent
des fous, des singes qui grimpent, des surexcités. Leur idole sent mauvais, ce
monstre froid : tous tant qu'ils sont, ils sentent mauvais, ces idolâtres.
Mes frères, voulez-vous donc étouffer dans les émanations de leurs gueules et de leurs appétits ? Brisez plutôt les fenêtres et sautez dehors, à l'air libre.
Ecartez-vous donc de la mauvaise odeur. Fuyez l'idolâtrie des superflus !
Ecartez-vous donc de la mauvaise odeur ! Fuyez donc les vapeurs de ces sacrifices humains ! » Ainsi parla Zarathoustra, Friedrich Nietzsche
Mes frères, voulez-vous donc étouffer dans les émanations de leurs gueules et de leurs appétits ? Brisez plutôt les fenêtres et sautez dehors, à l'air libre.
Ecartez-vous donc de la mauvaise odeur. Fuyez l'idolâtrie des superflus !
Ecartez-vous donc de la mauvaise odeur ! Fuyez donc les vapeurs de ces sacrifices humains ! » Ainsi parla Zarathoustra, Friedrich Nietzsche
Terribles paroles prophétiques de Zarathoustra ce mage venu d’Orient.
Appliquées comme il sied aux hommes politiques de notre période décadente ils
deviennent des fous, des singes et des surexcités qui marmonnent et parfois
vocifèrent des paroles insensées. La camisole de force est là pour leur rendre
un peu de dignité. Leurs cris d’orfraie n’y feront rien. Tout le monde a
entendu et vite oublié le cri soudain et subit d’un homme politique sénégalais en pleine campagne électorale. Un moment de
folie passagère. Personne n’a eu le courage de lui exiger un bulletin de santé
mentale. Il l’a échappé belle ce possédé parmi tant d’autres dans la classe
politique. Il a échappé à la stigmatisation tellement la chose était grosse et
moche. C’est cela qui tient lieu de débat politique aujourd’hui : La
transe, la folie, le mimétisme, la mimique, les singeries, les propos loufoques et incompréhensibles
comme des incantations mystiques. Tout le monde se souvient de la fameuse
audience que le président Abdoulaye Wade a accordé à un homme politique proche
d’Idrissa Seck en disgrâce. L’homme en question a tenu ces propos d’un ridicule
assumé du genre: « Cette
audience est importante et puisqu’elle est importante, le dévoilement de son
contenu ne peut être fait que selon un jour certain qui viendra certainement
puisque c’est le futur ». Du galimatias politique en quelque
sorte! Nous en avions ri à gorge
déployée. Les politiciens ont la manie de faire valoir une habileté
« téléphonée » tellement grossière qu’elle devient maladroite. C’est
la fameuse « maladresse des habiles » de François Mauriac. Quand le
talent est annoncé il devient ridicule, c’est aujourd’hui le lot quotidien des
hommes modernes.
Le débat politique n’est pas la discussion
politique ni le dialogue politique. Le débat politique c’est l’émission de la
parole politique autour d’une grande querelle : Faut-il plus ou moins
d’autorité dans nos pays en voie de développement ? Voilà une ne
question radicalement politique ! A
quoi sert une société ouverte comme le Sénégal ? Mais le plus grand débat
aujourd’hui, le plus difficile pour tous les africains comme les européens est
la question de la souveraineté. Faut-il adhérer ou non au gouvernement
mondial ? Toutes les autres questions sont subsidiaires. Ils sont rares à
en débattre tellement qu’ils sont pris par une sorte de delirium tremens comme
dans les mauvais films d’horreur. Ils font peur ces zombis politiques. La
principale menace contre la vie moderne est le cannibalisme politique, ces
politiciens qui nous tuent, l’enkystement par de mauvaises habitudes et
l’insouciance politique dont le sommet est l’indifférence des partis politiques
face au débat autour du Franc CFA qui du reste n’est pas plus vital que la
question de l’Education nationale. C’est terrible !
C’est à croire que la politique n’a pas échappé au superflu. Tout ce qui
est superflu est inutile, artificiel, superficiel. Depuis que les hommes politiques,
maitres de la parole n’enrichissent plus la langue, c’est la fin du débat
politique. Les hommes politiques, de Périclès à Abdoulaye Wade en passant par
Talleyrand, le Cardinal de Richelieu, George Clemenceau, Jean Jaurès, Léon Blum, Charles De Gaulle, Abraham
Lincoln, Konrad Adenauer, John Fitzgerald Kennedy, le président Lamine Gueye et
même le fameux camélion l’ivoirien Laurent Dona Fologo ont enrichi la langue
par leur bonne expression et leur sens de la répartie et de la bonne formule. C’est
étrange mais il faut dire qu’au Sénégal les membres du patronat s’expriment
mieux que les politiciens : Diagna Ndiaye, Baydy Agne et Mansour Kama sont
de loin plus à l’aise que Khalifa Sall,
Ousmane Tanor Dieng et Oumar Sarr. Chez les plus jeunes, confrontés aux
problèmes d’éducation et de formation c’est le désastre. Ils parlent
douloureusement le français et …l’Ouolof. Mais il ya des exceptions notables que sont
Idrissa Seck, Dialo Diop et Moustapha Niasse.
Depuis que le débat politique n’arrive plus à être modulé selon la bonne
fréquence, les politiciens d’aujourd’hui
au timbre de la voix grésillante,
n’arrivent plus à émettre à haute fréquence à force d’imitation et de singeries
jusque dans les expressions. La politique c’est l’art de vivre selon les
grandes vertus.
Khalifa Touré
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