Cette politique là, comme cette société-là est une vaste « Maslaa »,
une écœurante contre-vérité, une « vomissante » manière de passer à
coté de son ombre. Celle-là qui nous suit partout, notre double non imaginaire,
loin d’être un reflet, sera le chemin diurne où passeront toutes ces choses
qui nous tuerons un jour.
La politique n’a jamais été un jeu,
si ce n’est une litote pour les grandes âmes qui sont montées sur scène jouer
du grand Berthold Brecht. Le seul programme qui vaille aujourd’hui c’est de
dissoudre le peuple. Allez savoir ce que cela veut dire ! Le peuple est le
grand prétexte, il va falloir donc le supprimer, si l’on en croit le célèbre
dramaturge allemand. Il n’a jamais été retrouvé le peuple. Faut-il que tout le
monde entre en politique pour que le peuple soit retrouvé ? Cette idée est
une effroyable supercherie, une formidable
désertion des autres lieux de vie. Cette entreprise n’est même pas
comparable au « Temps retrouvé » du grand Marcel Proust. La
surpolitisation de la société sénégalaise a tué le politique. La politique prise
à la lettre a installé un chaos redoutable provoquant de fausses joutes
électorales sans lendemains. Il n’ya aucune leçon à tirer si ce n’est qu’en
politique seuls les appareils peuvent gagner. Il faut une contre-politique,
dépolitisez-vous ! Et vous irez vers la culture, je ne parle pas de l’Art.
C’est la grande culture adossée au monde
ancien, aux recettes traditionnelles qui fera un monde équilibré, un monde où
le politique aura sa place.
L’opposé de chaos c’est le cosmos
(c'est-à-dire l’ordre). Ceux qui par ignorance, cupidité et mondanité tentent
même par insouciance de déranger la hiérarchie cosmique par des pratiques
politiques inappropriées risquent le pire. On devrait entrer en politique comme on entre en religion. Mais
aucun rituel, parce que ce monde n’est pas sérieux. Si jamais les stratèges
divins descendent ils vont être lourdement sanctionnés. Leur
« Karma » ne leur sera d’aucune utilité si ce n’est de coopérer à
leur infliger la peine. C’est le sort de tous ces hommes et femmes dont on
entend plus parler et qui ont fini grabataires. Il ya des niveaux d’engagement qui exigent la
certitude dans les choix de vie. Un mot simple, une ligne tracée, une phrase
prononcée, une intention « délibérée » sans le moindre souci chez
l’homme a pu faire descendre des stratèges célestes. La folie, les cris, le
vouloir s’évader se sont installés dans un climat chaotique loin des regards et
de la pluie hors-saison. Ce qui « tue » l’âme humaine est insidieux,
il n’est même pas dans les livres sacrés, il est dans le Markhoum « le
livre cacheté ». L’enfer est une
grande surprise, un précipice qui n’est pas là où on le croit.
Les « initiés » ne font
rien sans y être autorisés, sans être accompagnés. Tous les grands hommes
politiques sont des « initiés » jusqu’à ce qu’aujourd’hui des hommes
et de femmes affreusement ordinaires s’avisent à « faire », à pratiquer la chose la plus dangereuse :
la gestion des choses et l’orientation des hommes.
À travers notre folie politique et
sociale nous sommes en train de déranger la structure compartimentée du cosmos.
Mais les gardiens des seuils, ces êtres éthérés veillent au grain. Ils sont
partout debout sur les lignes de vie à ne franchir que par autorisation,
décision magistrale et cœur saint plein d’amour. Il y aura beaucoup de
déconvenues chez les hommes et femmes qui ont déjà signé un pacte connu ou
oublié. A moins qu’ils ne fassent ce qu’ils doivent faire. Il n’est pas facile
de rompre le serment.
Il est clair, pour les clairvoyants,
que de l’autre coté du voile très proche de nous, des regards mécontents nous surveillent. Ils
vont contribuer à défendre l’héritage, les « 12 travaux » qu’ils ont
communément exécuté à travers les âges sont en train d’être dévoyés par une
communauté qui laisse les jeunes s’éloigner
et injurier les anciens. Ces culottes courtes ne savent pas que c’est la
science des anciens qui gouverne le monde parce qu’elle est plus proche de la
création du monde. Il ya même une science antérieure au Big-bang, à l’époque où
ciel et terre ne faisaient qu’un. Les prières sont plus propices là où le ciel
est plus bas. Une science qui se rit de toute démocratie, parlement, ou société
ouverte.
Une société dont la machine à
fabriquer le Bien tombe en panne est une société malade. Le Bien est une
question de transcendance mais aussi un problème de possibilité sociale. Pour
beaucoup de citoyens les logiques de survie auxquelles ils sont confrontée
depuis les années d’ajustement structurel diminuent les capacités de choix
d’ordre moral et poussent à des opinions à la limite de l’honnêteté. Au Sénégal
le consensus moral est connu, mais personne n’ose l’énoncer parce qu’il est
honteux !
Khalifa Touré
c'est très enrichissant de voir des intellectuels qui s'engage vers la voie de la conscientisation. félicitation pour ce travail de réflexion important
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