lundi 2 mai 2016

Mais qu’est ce qui fait courir les politiciens ?






Le scandale est arrivé à Madame Aïda Mbodj. Elle vient d’être relevée de ses fonctions de présidente du conseil départementale de Bambey, pour « cumul de fonctions », dit-on simplement. Cette affaire a « le mérite » au moins de creuser le cratère  pour s’approcher de la profondeur et comprendre pourquoi les politiciens mangent à tous les râteliers. Malheureusement les lendemains  de ces querelles de basse-cour entre hommes et femmes qui se sont hissés en haut par les nombreuses ficelles de la manipulation appelée abusivement stratégie politique, ne vont pas chanter. Oh mon Dieu ! peu de politiciens connaissent le solfège de la vertu politique, leurs voix caverneuses chantent faux, s’ils ne vont pas plus vite que la musique jouée par le peuple. Que personne ne s’attende que ces « professionnels » du quiproquo politique sentent et expriment le pouls de la nation. Oui ! la mission, le rôle et le travail quotidien de l’homme politique pétri de vertus est de hisser la parole  publique à la hauteur de la nation, des hommes sans part, des malchanceux, des éclopés de la vie et même de tous ceux qui sont couchés sur un lit serti d’or et couvert de draps tissés avec des fils d’argent. Ah ! dure dure que d’être un homme politique, un vrai. 

Quant aux politiciens ils sont de plus en plus nombreux ces détenteurs de la cagnotte nationale, richissimes hommes et femmes qui ne sponsorisent ni la science encore moins la recherche fondamentale, mais préfèrent entretenir une clientèle politico-affairiste. Ils n’en ont cure de l’avenir du pays. Ils courent souvent derrière les jupons au-lieu de courir derrière le bonheur des gens. Le président Mamadou Dia a écrit dans ses mémoires qu’il n’a jamais fait œuvre de chair illicite. George Washington préférait « mourir plutôt que dire une contre-vérité ». Ces hommes ne sont pas des saints, ils ne se nourrissaient pas de nectar et d’ambroisie, ils sont faits de la même étoffe que le commun des mortels, seulement une grande âme les habitent. Les grandes nations ont toujours eu le souci d’une avant-garde de grande qualité faite de patriotes hors-normes. Comme  les prophètes ils sont tous morts de fatigue. 

Il ya eu des patriotes et hommes politiques insignes au Fouta avec l’Almamy Abdoul Qadr Kane, au Kajoor avec Meïssa Bouri Déguéne Dieng le martyr de la bataille de Guîlé, au Saloum avec Mbégane Ndour, au Waalo avec Sidya Léon Diop le fils de la reine Ndatté Yalla, au Baol avec le preux chevalier Tieyacine, au Boundou avec Malick Sy Daouda, au Guidimakha avec Mamadou Lamine Dramé. Mais des patriotes dans ce qui est devenu le Sénégal « pacifié » à partir du 19eme siècle, il yen a, mais…on les cherche. Je regrette de dire que quelques soient les qualités physiques d’Aida Mbodj je ne comprends pas que cette universitaire prof de Droit Fatou Kiné Camara, puisse la comparer à la Reine Njembeut Mbodj ou une autre illustre Mbodj du Walo. L’écart est immense et la comparaison ridicule. Quelques fois le féminisme fait pitié dans nos pays. Il yen a d’autres parmi les femmes dans ce Sénégal, qui « font avancer les choses » en des domaines autres que la politique. Mais vous savez, les intellectuels sont en général fascinés par le pouvoir politique. Ils font souvent l’erreur de croire que les engagées en politique sont les seules dignes d’intérêt intellectuel.

La poursuite du bonheur, la course derrière le bonheur pour soi et pour les autres est inscrite dans certaines constitutions du monde notamment dans la déclaration d’indépendance des États-Unis qui étaient, comme nous, un pays colonisés. La politique n’est pas loin du sacerdoce dans la conception aristotélicienne. Mais depuis Annah Arendt l’homme n’est plus un animal politique. Cette ère moderne a vu la politique naître du conflit, des batailles, de la guerre et des frictions entre courants, idéologies, mais aujourd’hui dans la période décadente entre égos, intérêts du ventre mais jamais de la tête. Il n’ya plus de mépris en politique mais beaucoup de haine, parce que dans la poursuite des choses factices, immondes et périssables c’est le grand règne du cœur et non de la tête. Même si le cœur a ses raisons, le cœur du politicien habite un corps qui n’est pas raisonnable. “Le mépris vient de la tête, la haine vient du cœur et l’un exclut l’autre” dixit Arthur Schopenhauer

Que l’on permette au pauvre citoyen d’avoir une once de mépris pour le politicien de son quartier distributeur de « Tee-shirt ». Il pourra sauver sa pauvre tête le jour où il viendra à l’idée chez le politicien de chercher des têtes à couper, au propre comme au figuré. En vérité l’actualité du monde révèle que ce qui fait courir les politiciens, c’est de couper ou briser des têtes. Tous ces politiciens adeptes du cumul de postes sont des coupeurs de routes et de têtes. Au Sénégal aujourd’hui, arnaquer quelqu’un se dit proprement « donner un coup de marteau sur la tête ».  Sauvons nos têtes en esquivant les coups.   

Khalifa Touré
sidimohamedkhalifa72@gmail.com 

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