Voici Gayatri Chakravorty Spivak. Née à Calcutta en 1942,
cette éminente théoricienne de la littérature s’est évertuée à jeter un pont
entre la littérature et les sciences sociales, une pratique certes publiquement
méconnue mais devenue un terrain obligé
pour beaucoup d’intellectuels qui veulent observer, analyser et comprendre les
sociétés modernes et contemporaines.
Les préoccupations intellectuels de cette grande dame
indienne lui valent aujourd’hui de figurer parmi les penseurs les plus éminents
des « Etudes postcoloniales » aux cotés de Molefi Kete Asante,
Achille Mbembe, Paul Gilroy, Homi Bhabha et bien d’autres parmi les plus
illustres.
De puissants penseurs comme Julia Kristeva, Tzvetan Todorov,
Valentin Mudimbe, Edward Saïd, Gérard Genette et Roland Barthes ont fini de
montrer définitivement que les outils littéraires sont devenues nécessaires et
même suffisantes pour observer, analyser, comprendre et les sociétés humaines.
La littérature vue sous un angle anthropologique est l’une des productions
humaines les plus à même de nous informer sur la société.
Elle est le produit
d’une folle alchimie entre l’idiosyncrasie des hommes et les tribulations de la
civilisation humaine. L’historien Français Emmanuel Todd n’a-t-il pas prédit la
chute de l’URSS en analysant entre autres données la production littéraire des
pays de l’Est. La littérature c’est de la projection humaine.
Gayatri, la grande dame, est aujourd’hui professeur à
l’université Columbia de New York après avoir fait ses études dans sa ville
natale, où elle obtient une licence en 1959, puis fréquente Cambridge et
l'université Cornell, où elle soutient une brillante thèse en 1967 sur l’œuvre de
William Butler Yeats sous la direction de Paul de Man. Elle enseigne alors la
littérature anglaise et comparée dans les universités de l'Iowa, du Texas, de
Pittsburgh et de Pennsylvanie, ainsi qu'à Columbia, où elle est nommée
professeur en 2007.
La traduction de « De
la Grammatologie » de Jacques Derrida lui ont certainement permis
d’acquérir les précieux outils de la déconstruction et font d’elle un penseur poststructuraliste.
Au reste l’idée féministe et l’approche marxienne en plus des théories
postcoloniales.
La levée de bouclier suscitée par les études culturelles en
France fera certainement sourire cette anglophone née dans un pays anciennement
colonisé. Le paradoxe en est que les deux figures tutélaires qui informent et
inspirent de façon continue les théoriciens de la postcolonie reste les
philosophes français Jacques Derrida et Michel Foucault. La France voit
certainement cet intérêt subit pour le postcolonialisme dans l’hexagone une
dangereuse révélation de cette mauvaise conscience coloniale qui ne cesse de
hanter une parmi de son intelligentsia.
En mars 2007 Gayatri Spivak devient "University
Professor" à l'université de Columbia devenant ainsi l'unique femme de
couleur à qui fut accordé ce statut honorifique, le plus élevé en 264 ans
d'histoire.
Son ouvrage principal « Les subalternes peuvent-elles parler ? » est traduit en
français.
Gayatri a dit ceci à propos de son ouvrage" LES SUBALTERNES PEUVENT-ELLES PARLER?" : J’aurai de plus recours à l’argument, qui surprendra peut-être, selon lequel la production intellectuelle occidentale est, de maintes façons, complice des intérêts économiques internationaux de l’Occident. Pour finir, je proposerai une analyse alternative des rapports entre les discours de l’Occident et la possibilité pour la femme subalterne de parler (ou la possibilité de parler en son nom).
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